ApisRAM, une V3 pour prévenir les risques liés aux phytos sur les abeilles
Le | Recherche-developpement
Les contours de la troisième version du projet ApisRAM se dessinent. Alors qu’un rapport publié le 13 décembre 2023 par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) propose plusieurs scénarios environnementaux pour appuyer le nouveau dispositif d’évaluation des risques pour les abeilles liés au recours aux produits phytosanitaires, retour sur son historique avec Agnès Rortais, responsable scientifique à l’Efsa.
ApisRAM, épisode 3. Si la nouvelle version du projet de modélisation du comportement des abeilles ne devrait voir le jour qu’en 2025, il est d’ores et déjà en cours de conception. Preuve en est la récente publication, en décembre 2023, des scénarios environnementaux constitutifs de cette troisième mouture par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Étudiant plus précisément les risques des produits phytosanitaires sur les insectes volants, ApisRAM est en effet amené à s’adapter aux nouvelles réglementations européennes et connaissances scientifiques en la matière.
Une approche intégrative de l’évaluation des risques
D’où vient le projet et que vise-t-il ? « ApisRAM est un modèle qui a été conceptualisé par le groupe de travail MUST-B en 2016. Il a été conçu dans le but d’évaluer de manière plus globale l’influence des facteurs de stress auxquels les colonies d’abeilles domestiques (Apis mellifera) peuvent être exposées, rapporte Agnès Rortais, responsable scientifique à l’Efsa. Il s’inscrit dans une approche de l’évaluation des risques intégrative, c’est-à-dire qui tient compte à la fois des données prédictives avec le modèle, avant la mise sur le marché du pesticide, et in situ avec un système de surveillance/monitoring, après la mise sur le marché du pesticide. »
La description du modèle formel est publiée début 2022. La même année, l’Efsa noue un partenariat avec l’université d’Aarhus pour le développer afin de l’utiliser dans le cadre du règlement (CE) n° 1107/2009 d’évaluation des pesticides. « Pour cela, le modèle doit répondre à des critères scientifiques précis, en ligne avec le document guide révisé de l’évaluation des risques des pesticides vis-à-vis des abeilles », précise Agnès Rortais. Le document fait référence dans la constitution des dossiers d’homologation des produits phytopharmaceutiques. À ce titre, ApisRAM peut prendre en compte et tester plusieurs critères retenus, dont le taux de 10 % de pertes naturelles d’abeilles.
Il est actuellement développé par l’équipe de recherche de l’université danoise, sous la direction du professeur Chris Topping. Le groupe MUST-B, dont fait partie Agnès Rortais, apporte sa contribution scientifique grâce à l’élaboration de scénarios comme ceux partagés en décembre 2023. « Des communications régulières sur le progrès de ce travail sont également partagées avec les panels d’experts de l’Efsa et le Scopaff », fait savoir la scientifique.
Une quatrième version d’ApisRAM en 2027
L’histoire d’ApisRAM ne s’arrêtera pas avec la parution de sa troisième version, puisqu'une quatrième est prévue à l’horizon 2027. « Elle prévoit des améliorations pour l’évaluation des risques des pesticides, avec l’intégration des mélanges, et au-delà, pour les espèces invasives. Mais pour le moment, nous nous concentrons sur la version 3, ce qui est déjà un gros travail d’implémentation, de calibration, de vérifications et de validation, avec des données de qualité qui sont parfois difficiles à trouver, tempère Agnès Rortais. Aussi, quand la version 3 sera validée, il faudra développer sa mise en production pour son utilisation : augmenter sa performance en terme de computing, développer une interface graphique conviviale, etc. »