Arvalis chiffre l’effet des bandes fleuries en grandes cultures
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Arvalis-Institut du végétal veut mieux comprendre les effets bénéfiques de la biodiversité sur les grandes cultures et les chiffrer pour intégrer les infrastructures agroécologiques dans le conseil. Des expérimentations sont menées sur le site de la Jaillière en Loire-Atlantique.
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La bande fleurie mesure 70 mètres de long. Elle a été implantée en mars 2021, entre une parcelle de blé et une de maïs.[/caption]
Arvalis-Institut du végétal veut mieux étudier les services écosystémiques rendus par la biodiversité. L’institut technique des grandes cultures cible les bandes fleuries. Si cette infrastructure n’est pas nouvelle, Arvalis veut quantifier ses bénéfices pour pallier le manque de données en la matière. L’objectif est aussi de faire du tri dans les méthodologies, les protocoles, les outils utilisés et de proposer un conseil complet aux agriculteurs.
Etudier l’équilibre entre auxiliaires et ravageurs
L’équipe du site de la Jaillière en Loire-Atlantique a ainsi mis en place, en mars 2021, une bande fleurie de 70 mètres de long, située entre une parcelle de blé et une de maïs. Le couvert végétal a été créé par Caussade semences. Il est composé de plantes mellifères comme le lin, le sarrasin, le fenugrec, la phacélie, l’aneth, le chia ou encore le niger. L’effet de la bande fleurie sera étudié sur les auxiliaires, les ravageurs, l’équilibre entre les deux, et le salissement de la parcelle. Les modes de gestion de la bande fleurie et sa valorisation en alimentation animale seront également analysées.
Proposer un conseil en routine sur la biodiversité
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Outre l’acquisition de référence, l’objectif de l’étude est aussi de faire du tri dans les méthodologies, les protocoles, les outils utilisés.[/caption]
Une des priorités est d’étudier la régulation des pucerons et des limaces par les hyménoptères parasitoïdes, syrphes, coccinelles, carabes, araignées, etc. « Nous voulons arriver à des modèles et à des indicateurs pour les agriculteurs et les conseillers afin qu’il puisse choisir la biodiversité fonctionnelle à implanter dans leurs parcelles, selon leurs objectifs, et sans compromettre le rendement », explique Jonathan Marks Perreau, ingénieur chez Arvalis.
Des premiers résultats ont montré que les auxiliaires généralistes, comme les carabes, sont actifs toute l’année et que les pics d’auxiliaires spécifiques arrivent quinze jours après les pics de ravageurs. « Les carabes vont tenter de diminuer les populations de ravageurs toute l’année, sans éviter le pic, qui sera ensuite réduit par les auxiliaires spécialistes », indique Véronique Tosser, responsable biodiversité chez Arvalis.
Prendre en compte la gestion de la bande fleurie par l’agriculteur
La gestion de la bande fleurie par les agriculteurs questionne également. « Nous voulons un étalage des floraisons et éviter une montée à graine trop forte pour empêcher le salissement et contrôler les adventices dans la parcelle », poursuit la responsable biodiversité.
Si la biodiversité est un des leviers pour réduire les intrants, ce n’est toutefois pas l’objectif principal. « Les insecticides ne représentent pas le grand enjeu phytosanitaire sur les grandes cultures, reconnaît Jonathan Marks Perreau. Les auxiliaires ne vont pas régler le problème des biogaresseurs. Il faut combiner avec d’autres leviers agronomiques. La préservation de la biodiversité est davantage une réponse aux attentes de la société. » Arvalis reconnaît que les résultats sur la biodiversité peuvent parfois surprendre. « Les corridors que nous pensions favorables ne le sont pas toujours, explique Alain Dutertre, responsable de la station expérimentale de la Jaillière. Nous avons vu que les haies sont aussi parfois des barrières à la circulation des pollinisateurs. »
Les résultats seront intégrés d’année en année dans une base de données.