Betteraves sans néonicotinoïdes, une combinaison de leviers sera nécessaire
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Un an après le lancement du Plan national de recherche et d’innovation visant à trouver des solutions alternatives aux néonicotinoïdes contre la jaunisse de la betterave sucrière, l’Inrae a présenté, le 28 février 2022, de premiers résultats. L’objectif est de tester, dès 2023, une combinaison de leviers à actionner.
Inrae a profité du Salon de l’agriculture pour faire le point, le 28 février 2022, sur les avancées du Plan national de recherche et d’innovation (PNRI). Ce plan, lancé en janvier 2021 pour trouver des solutions alternatives aux néonicotinoïdes opérationnelles contre la jaunisse des betteraves sucrières, est placé sous la responsabilité scientifique d’Inrae et la responsabilité opérationnelle de l’Institut technique de la betterave (ITB).
« L’objectif est d’avoir des solutions pour les semis 2024 car les planteurs n’auront plus l’autorisation d’avoir recours aux néonicotinoïdes », précise Christian Huyghe, directeur scientifique agriculture chez Inrae et président du Comité de coordination technique du PNRI.
25 projets, avec une recherche tous azimuts
Le PNRI compte 25 projets. « Il n’y a pas de solution miracle à ce jour, souligne Alexandre Quillet, président de l’ITB. La filière met beaucoup d’espoirs dans la génétique mais sait qu’elle ne suffira pas et qu’il faut réduire la pression maladie avec d’autres solutions. » Une combinaison de leviers à actionner sera nécessaire.
En 2021, une recherche tous azimuts s’est mise en place, ce qui a permis, en 2022, de développer les travaux les plus prometteurs et de commencer un transfert de connaissances auprès des planteurs. « 2023 verra la validation des solutions trouvées et l’amplification du transfert », reprend Alexandre Quillet. « La difficulté sera de trouver la meilleure hypothèse de combinaison de leviers », ajoute Christian Huyghe. Les solutions doivent par ailleurs être économiquement viables.
Quatre axes complémentaires
Le PNRI a été construit autour de quatre axes complémentaires pour chercher toutes les pistes possibles de lutte. L’axe 1 vise à mieux comprendre la maladie et, via le développement d’outils, à mieux prédire le comportement des pucerons, le risque viral et l’extériorisation de la maladie. L’axe 2 cherche des solutions à l’échelle de la culture (résistance variétale, biocontrôle, pratiques culturales, plantes compagnes), tandis que l’axe 3 se focalise sur les solutions de régulations à l’échelle de l’environnement des plantes, des cultures et des paysages (approches agroécologiques). Enfin l’axe 4 a trait à la transition vers un modèle économique durable acceptable par tous les acteurs de la filière.
De premiers résultats prometteurs
Le point réalisé au Salon de l’agriculture a permis de montrer les premiers résultats de trois projets : ProVibe, Sepim et plantes compagnes.
Le projet ProVibe a validé le fait que quatre virus appartenant à trois familles différentes sont susceptibles de causer des pertes de rendement. Ces virus révèlent des mécanismes de dispersion efficaces à grande échelle car une faible variabilité est constatée, même entre plantes provenant de parcelles distantes. De premiers résultats laissent espérer la mise au point d’outils facilitant la détection simultanée des quatre virus. Est en outre étudiée une stratégie de protection croisée, sorte de vaccination qui donnerait à une betterave infectée par un virus peu virulent la capacité de mieux se défendre face à des virus agressifs. La recherche d’isolats peu virulents dans les betteraves sans jaunisse est en cours.
Le projet Sepim est quant à lui dédié à la surveillance, à l’évaluation et à la prévision du risque puceron/jaunisse. Il vise à mettre en place des outils de prédiction des vols de pucerons, des infestations… et à mieux évaluer la situation sanitaire en temps réel. Les travaux menés en 2021 sur l’utilisation d’images satellitaires semblent prometteurs : la mesure précise de la surface parcellaire présentant des symptômes et l’estimation de l’impact sur le rendement pourraient être utiles dans le cadre de démarches assurantielles.
Enfin, le projet plantes compagnes s’est attaché à évaluer, dans le réseau des fermes pilotes d’expérimentations, l’utilité de différentes espèces (avoine, orge, fenugrec, vesce, féverole et pois) pour limiter les infestations de pucerons. Des résultats intéressants ont été trouvés avec l’avoine. Reste désormais à trouver la gestion efficace de ces plantes compagnes pour éviter la concurrence avec les betteraves.