Biomasse agricole, les gisements potentiels insuffisants pour atteindre les objectifs de la SNBC
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En termes de biomasse, l’agriculture a de la réserve, selon une étude de France Stratégie parue en juillet. Alors que les volumes actuels sont loin d’être totalement valorisés, la production pourrait augmenter d’ici à 2050. Toutefois, même avec une trajectoire agroécologique, les objectifs agricoles de la Stratégie nationale bas carbone semble inatteignables.
La biomasse agricole présente un potentiel certain pour se rapprocher de la neutralité carbone en France à l’horizon 2050. D’importants efforts sont toutefois encore à consentir pour exploiter ce potentiel, et d’autres sources de biomasse complémentaires seront indispensables pour relever ce défi. Voilà le message, fortement résumé, d’une étude publiée le 29 juillet par France Stratégie.
Une production de biomasse agricole à dynamiser
Ses auteurs analysent notamment la marge de progression dans l’utilisation des gisements actuels, que ce soit pour la production d’énergie, ou de matériaux biosourcés. Les taux de mobilisation de la biomasse agricole sont assez élevés pour le lin/chanvre, les cultures pérennes dédiées ou le bois issu de l’agroforesterie. Ce n’est pas le cas pour les effluents d’élevage, dont seuls 2,4 Mt sont actuellement valorisés, sur un volume total de 133 Mt. Les résidus de cultures annuelles (72 000 t valorisées sur 5,9 Mt) ou les cultures intermédiaires (100 000 t valorisées sur 4,4 Mt) présentent également un potentiel largement sous-exploité.
L’étude se livre à un calcul, très indicatif, d’un scénario « idéal » où l’ensemble des gisements seraient valorisés. Les auteurs convertissent les volumes disponibles en térawattheures (Twh) et estiment que la France dispose d’un réservoir de 82 Twh inexploités, en plus des 40 Twh produits aujourd’hui. Autrement dit, 122 Twh de potentiel en tout, soit moitié moins que les 250 Twh prévus dans la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) pour 2050.
Les objectifs de la SNBC, a priori hors de portée
France Stratégie a échafaudé deux scénarios pour évaluer la capacité de l’agriculture française à générer plus de biomasse : l’un « tendanciel », l’autre « agroécologique ». Ce dernier suggère notamment l’adoption massive de nouvelles pratiques agricoles, comme les cultures intermédiaires, sur plus de 12 Mha, soit environ 45 % de la SAU. Il s’appuie également sur la mise en place de pratiques agroforestières sur près de 3 Mha (10 % de la SAU). Malgré une moindre production d’effluents d’élevage, correspondant à un recul des productions animales, ce scenario offre le plus de perspectives, avec 155 TWh potentiels… soit tout de même moins que les 250 TWh prévus par la SNBC.
Les auteurs suggèrent de mener le même type d’étude sur la biomasse forestière, pour étudier si cette dernière peut compenser le manque de disponibilité de la biomasse agricole.