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Des métabolites de S-métolachlore et du chlorothalonil fréquents dans l’eau, selon l’Anses

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Deux métabolites de pesticides, l’un dérivé du chlorothanil et l’autre du S-métolachlore, ont été identifiés dans plus d’un prélèvement sur deux, lors d’une campagne d’analyses de l’Anses menée en 2020 et 2021 et dont les résultats ont été publiés le 6 avril. Ceux-ci sont d’ores et déjà abondamment commentés.

Des métabolites de S-métolachlore et du chlorothalonil fréquents dans l’eau, selon l’Anses
Des métabolites de S-métolachlore et du chlorothalonil fréquents dans l’eau, selon l’Anses

Le 6 avril 2023, l’Anses a rendu public un rapport dans lequel elle détaille les résultats de sa dernière campagne d’analyse des eaux destinées à la consommation humaine. Initiée en 2019 et menée en 2020/21, celle-ci visait notamment à mesurer la présence de « polluants émergents », autrement dit peu ou pas recherchés dans les contrôles de routine. Parmi ceux-ci : 157 molécules classées parmi les pesticides, dont un tiers de substances actives et deux tiers de métabolites.

Deux métabolites particulièrement présents

Selon le rapport, 89 de ces molécules ont été quantifiées au moins une fois dans les eaux brutes, 77 dans des eaux traitées. Deux d’entre elles se distinguent par leur fréquence. Ce sont des métabolites du chlorothalonil et du s-métolachlore, quantifiés dans plus de la moitié des échantillons d’eaux brutes et d’eaux traitées. Ce constat fait d’ores et déjà réagir, pour des raisons différentes.

Le métabolite du chlorothalonil, « R471811 », est retrouvé dans 60 % des eaux brutes et 57 % des eaux traitées. Il conduit à des dépassements de la limite de qualité dans 34 % des cas. « Certains métabolites de pesticides peuvent rester présents dans l’environnement plusieurs années après l’interdiction de la substance active dont ils sont issus », commente l’Anses, alors que plusieurs ONG s’inquiètent de ces nombreuses détections du métabolite d’un produit qui n’est plus utilisé. Le chlorothalonil, un fongicide, est en effet interdit en France depuis 2020, juste avant la campagne d’analyse.

S-métolachlore, la polémique s’accentue

Le métabolite du S-métolachore, « métolachlore ESA », est quant à lui présent dans 56 % des eaux brutes et 53 % des eaux traitées. Le S-métolachlore est actuellement au cœur d’une polémique, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau ayant demandé à l’Anses, qui s’est positionnée pour un retrait de ses principaux usages, de ne pas créer un décalage entre les calendriers français et européens concernant cette molécule. Dans ce contexte, associations (ici Générations futures) et élus environnementalistes condamnent d’autant plus fort la position du ministre à la lumière du rapport de l’Anses.

Distingo entre limite de qualité et Vmax

L’Anses rappelle que la limite de qualité de l’eau pour les pesticides ne constitue « en aucun cas un seuil de risque pour la santé des consommateurs », mais simplement l’indicateur d’une dégradation de l’eau. Dans son rapport, l’Anses insiste également sur le fait qu’aucun dépassement de valeurs sanitaires maximales (Vmax) n’a été observé lors de cette campagne, loin s’en faut (les valeurs relevées étant 10 à 10 000 fois inférieures aux Vmax, selon les composés). Toutes les substances ne disposent toutefois pas d’une Vmax établie. Pour R471811, l’Anses précise n’avoir pas suffisamment de données pour la calculer. Celle de métolachlore ESA est indiquée comme « non-évaluée ».