« Difficile de réduire davantage la fertilisation azotée dans les années futures », selon le Citepa
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Les émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture ont continué de baisser en 2020, indique le rapport Secten 2022 du Citepa, diffusé le 29 juin 2022. Si le secteur est en phase avec la trajectoire de la Stratégie nationale bas carbone, les auteurs du document soulignent des marges de manœuvre de plus en plus réduites dans certains domaines, comme la fertilisation azotée.
Entre 2019 et 2020, la baisse des émissions de gaz à effet de serre a atteint des niveaux inédits depuis 1990, en raison du ralentissement de l’activité causée par la pandémie de Covid. « Le rebond des émissions en 2021 (inventaire pré-estimé) ne doit pas masquer une trajectoire de réduction des émissions sur le long terme », préviennent donc les auteurs du rapport Secten, publié le 29 juin 2022 par le Citepa(1). En ce qui concerne plus spécifiquement l’agriculture, les émissions de gaz à effet de serre du secteur ont reculé de 12 % entre 1990 et 2020. Plus précisément, les émissions ont diminué de 44 % pour le protoxyde d’azote et de 21 % pour le méthane sur cette période. Cette baisse est dû à la réduction du cheptel bovin et de la fertilisation azotée dans les champs. Les puits de carbone ne sont pas pris en compte ici.
En 2020, le secteur agricole a émis 80,9 Mt CO2eq, soit 20,6 % du total des émissions de cette année. Le méthane représentait 46 % et le protoxyde d’azote 40 % des émissions de l’agriculture cette année là.
Des baisses en phase avec la SNBC
Le secteur agricole
Des marges de manœuvre limitées
Les auteurs du rapport Secten insistent néanmoins sur la faible marge de manœuvre des exploitants pour réduire davantage leurs émissions. Pour le méthane, la principale méthode répertoriée est la méthanisation des effluents d’élevage. Le document souligne néanmoins le fait que la « baisse du cheptel a été compensée par un troupeau […] émettant en moyenne plus de méthane par tête au fil du temps ». Ainsi, si le nombre d’animaux a baissé de 36 %, les émissions, elles, ont seulement reculé de 18,1 % entre 1990 et 2020. En ce qui concerne le protoxyde d’azote, les émissions ont baissé de 13,5 % sur la période de référence. « Peu de solutions techniques sont actuellement disponibles pour limiter les émissions de N2O des sols, qui sont très dépendantes des conditions pédoclimatiques, note le rapport Secten. L’optimisation de la fertilisation azotée en lien avec les préconisations d’apports adaptés aux besoins des cultures est déjà bien avancée et il est donc aujourd’hui difficile de prévoir une réduction forte de la fertilisation azotée dans les années futures. Le développement de sélections variétales adaptées à un bas niveau d’intrants, ou encore l’amélioration des conditions du sol pour diminuer les émissions de N2O, sont des pistes en phase d’expérimentation actuellement. »
Recul des émissions liées à la fertilisation minérale
Enfin, pour ce qui est de l’ammoniac, dont les émissions ont reculé de 15 % entre 1990 et 2020, un basculement a eu lieu en 2017, au niveau des cultures. « On constate une légère augmentation sur la période 2013-2017 du fait d’un usage en hausse des formes d’engrais émettrices (urée) au détriment d’autres formes azotées moins émettrices (ammonitrates). Cette tendance s’est inversée à partir de 2017, avec un recul des émissions liées à la fertilisation minérale, s’expliquant à la fois par une diminution des apports totaux et du recours à l’urée ainsi que par le développement de bonnes pratiques comme l’enfouissement rapide des engrais. » Ainsi, entre 2019 et 2020, les émissions associées au engrais et amendements minéraux se replient de 11 %, en lien avec des conditions de culture défavorables conduisant à un recul des surfaces fertilisées. Les émissions liées à la fertilisation organique et aux animaux à la pâture sont également en baisse, en lien avec le recul des cheptels.
(1) Centre technique de référence en matière de pollution atmosphérique et de changement climatique