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Diversité végétale, portrait-robot d’une ferme optimale

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Favoriser la diversité végétale, sur les parcelles cultivées et autour, est un moyen reconnu de faciliter la régulation des bioagresseurs. À partir de quand cette diversification joue clairement son rôle ? Une récente expertise scientifique collective menée par Inrae apporte des éléments de réponses, et révèle une marge de progression certaine pour la ferme France.

Diversité végétale, portrait-robot d’une ferme optimale
Diversité végétale, portrait-robot d’une ferme optimale

La diversité végétale sur une exploitation prend diverses formes. L’expertise scientifique collective, Esco, menée par Inrae et dont la restitution était organisée le 20 octobre, a permis, entre autres enseignements, de définir le portrait-robot d’une ferme bien diversifiée. En s’appuyant sur la littérature scientifique, les experts d’Inrae en ont retenu les préconisations suivantes.

Mélanges variétaux

Les agriculteurs français pratiquant les mélanges variétaux en culture de blé, soit environ 15 % des surfaces, utilisent des compositions comprenant 2 à 3 variétés. Le niveau de diversité régulant efficacement les maladies se situe plutôt autour de 4 à 5 variétés.

Association d’espèces

Selon la littérature scientifique, associer deux espèces complémentaires, non sensibles aux mêmes bioagresseurs, est déjà gage d’une certaine régulation des maladies, adventices et ravageurs. « Une préconisation somme toute modeste, commente Aude Vialatte, co-pilote scientifique de l’Esco. Mais aujourd’hui, cette pratique ne représente que 0,1 à 3 % de la sole, principalement en céréales-protéagineux, selon les régions. »

Diversité dans la rotation

Autre facteur de diversité, dans les études passées au crible de l’Esco : les rotations, à mettre en place sur plus de trois ans en grandes cultures, intégrant des cultures d’hiver et de printemps. L’implantation de brassicacées contribue à la régulation des adventices, et celle de légumineuse permet de fixer l’azote atmosphérique pour la culture suivante.

Taille des parcelles

Ce n’est pas en soit un gage de diversité, mais l’Esco aborde également la taille optimale des parcelles. Plus elles sont petites, plus la longueur des abords de parcelles est importante, avec en général des espèces végétales naturelles ou semi-naturelles. Qui dit parcelles plus petites, dit aussi plus de parcelles sur une même surface, favorisant l’implantation de cultures variées. Verdict ? La taille optimale serait de 2,8 hectares. En France, la moité de la SAU française est occupée par des parcelles de plus de 6,8 ha. « Dans certaines zones céréalières, revenir à des parcelles de 2,8 ha sera impossible », avertit Philippe Noyau, président de la Chambre d’agriculture du Centre-Val de Loire.

Infrastructures agroécologiques

Assurer 20 % des surfaces couvertes par des éléments semi-naturels (bosquets, haies, arbres isolés, agroforesterie, etc.) est non seulement un moyen de réguler les populations de ravageurs, mais aussi de favoriser divers services écosystémiques. « En l’absence de statistiques nationales en la matière, il est difficile d’évaluer où en est la France aujourd’hui, constate Aude Vialatte. Mais il est admis que la part des éléments semi-naturels en zone céréalière sont en dessous de 5 %. » La littérature indique également que des linéaires de haies de l’ordre de 300 mètres par hectare contribuent à concilier rendement et biodiversité.