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Ecophyto 2 : La protection intégrée, fondement du dialogue au sein des filières

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Présentation le 7 janvier à la presse du rapport « Pesticides et agro-écologie - Les champs du possible » par le député Dominique Potier entouré de Jean Boiffin, directeur de recherche honoraire à l’Inra, de Patrick Lavarde et de Thierry Galibert, membres du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD). Le rapport, remis le 23 décembre au Premier ministre, issu d’un vaste travail d’enquête auprès de 200 acteurs du secteur agricole est actuellement en consultation au sein des instances politiques. Manuel Valls, Stéphane Le Foll et Ségolène Royal présenteront le 30 janvier au cours du Cnos, le comité national d’orientation et de suivi, leur choix pour le plan Ecophyto V2 : garder les 68 propositions et actions ou faire une sélection. Quoiqu’il en soit, l’objectif est clairement de remettre l’agriculteur, soit celui qui décide, au centre des démarches en renforçant la boite à outils, en agissant à l’échelle des territoires de façon collective et en associant l’agronomie au politique. L’implication des différents maillons des filières avec, au premier rang, les conseillers agricoles est alors essentielle. Dominique Potier n’hésite pas à qualifier cette version 2 de dernière chance : « dernière chance pour agir et réformer l’écosystème ». Diversité des cultures dans la Pac Parmi le faisceau de propositions pour réduire les phytos de 50 % à horizon 2025, Dominique Potier met en avant : la conditionnalité des aides de la Pac en 2020 à la diversité des cultures - au moins quatre rotations sur l’exploitation - avec toutefois des exemptions possibles comme en maïsiculture par le jeu des compensations écologiques. En deuxième lieu, il retient le dialogue eu sein de la filière sur le thème de la protection intégrée. Les échanges s’appuieraient sur la création d’un référentiel à plusieurs niveaux, construit à l’échelle du territoire et pouvant orienter les cahiers des charges de la transformation. Enfin, il met en avant la montée en puissance du biocontrôle. De son côté, Jean Boiffin insiste en plus, sur l’innovation variétale avec une meilleure concertation des recherches publiques et privées et une amélioration de l’évaluation. Certificats d’économie en produits phytosanitaires Patrick Lavarde souligne l’importance du pas de temps et la mise en place de rapides mesures qui permettraient d’accélérer le mouvement : les certificats d’économie en produits phytosanitaires simplifiés et le conseil stratégique de transition. Thierry Galibert retient en plus l’évolution du Certiphyto pour la formation et le renforcement du rôle de l’Anses. Les rapporteurs pointent la nécessaire mise en place rapide des mesures réglementaires tel que le calcul de la dose de produit non pas à la surface cadastrale mais à la surface foliaire, faisant référence aux travaux de l’UMT Ecotechviti. Hausse de la contribution de la redevance sur les phytos Quant aux mesures contraignantes, Dominique Potier en identifie trois : d’abord mieux faire appliquer la réglementation existante. « Ce sera un progrès énorme, il faut aussi voir si on renforce le nombre de contrôleurs ». Deuxième contrainte : le levier fiscal pour financer les mesures. Une hausse de la contribution au plan Ecophyto de la redevance sur les produits phytosanitaires, à 100 M€ au lieu de 40 M€, est avancée.  L’augmentation de recette liée à l’élargissement de l’assiette de la redevance lui sera ainsi affectée. Ce fonds permettrait de financer notamment la modernisation de l’outil de production (aides pour des agroéquipements performants) et les mesures. Enfin la troisième contrainte porte sur les certificats d’économie en produits phytosanitaires. Pour faire de l’agrofourniture un allié, il recommande de fixer un objectif et de laisser la liberté d’action. « Dans ce cadre, je ne suis pas favorable à la séparation de la vente et du conseil car c’est cohérent dans la logique des certificats d’économie », a complété Jean Boiffin.

  • Référentiel protection intégrée en plusieurs niveaux
Un référentiel protection intégrée est proposé pour poser les fondements du dialogue au sein des filières.  Ainsi le niveau de base, appliqué au niveau de l’exploitation,  reprend le texte de la directive européenne, 2009/128 complété d’un nombre minimum d’outils d’aide à la décision. Le niveau 1 mobiliserait plus d’éléments et outils, créant un effet de synergie afin de réduire les usages. Le niveau 2 engagerait les systèmes de culture avec par exemple la rotation. Le niveau 3 serait une application collective de ces principes à l’échelle d’un territoire, complété par des mesures relevant de l’aménagement et de la gestion de l’espace et du paysage.