Référence agro

Écophyto, un appel à projets pour aller plus loin sur les solutions combinatoires 

Le | Recherche-developpement

Pour accélérer la recherche sur la construction de méthodologies concernant l’utilisation de solutions combinatoires, un appel à projets a été lancé le 10 janvier par les ministères pilotes du programme Écophyto II+. Les porteurs de l’appel insistent sur le nécessaire déblocage de verrous, notamment au niveau du conseil stratégique.

Le Conseil Supérieur d’Orientation et de Coordination de l’Économie Agricole et Alimentaire (CSO) a  - © D.R.
Le Conseil Supérieur d’Orientation et de Coordination de l’Économie Agricole et Alimentaire (CSO) a - © D.R.

«  Cet appel à projets est un pari, nous ne sommes pas certains qu’il existe des communautés de recherche établies pour répondre à nos questions », explique Antoine Messéan, du Comité scientifique d’orientation « recherche et innovation » du plan Ecophyto. Il s’exprimait à l’occasion de la présentation, le 10 janvier, d’un nouvel appel à projets pilotés par le CSO R&I, intitulé « Combiner les leviers opérationnels alternatifs aux produits phytopharmaceutiques de synthèse pour une protection intégrée des cultures ». De nombreux projets de recherche abordent déjà cet enjeu, comme le réseau Dephy Expe par exemple. Mais le CSO R&I veut aller plus loin. « La manière de penser les combinaisons n’est pas au cœur de ces projets, poursuit Antoine Messéan. Leur visée est avant tout opérationnelle et la logique d’assemblage des leviers n’est pas toujours explicite, ni les interactions entre les leviers. »

Construire des méthodologies pour combiner les bons leviers

L’appel à projets affiche ainsi deux objectifs majeurs, avec en premier lieu l’identification de « clés méthodologiques » pour introduire sur le terrain des combinaisons de leviers, ainsi que des outils pour évaluer leur durabilité ; mais aussi, dans la mesure du possible, le développement « de combinaisons de leviers agroécologiques durables en alternative aux produits phytopharmaceutiques de synthèse ». Un effort particulier sera consacré à « la modélisation des effets des combinaisons de méthodes à effets partiels, à l’échelle des territoires, du système de culture et de l’itinéraire technique ». Des résultats sont particulièrement attendus, bien que non exclusivement, pour faire face aux bioagresseurs. « Les solutions alternatives ne seront jamais aussi simples, efficaces et bon marché que les produits phytosanitaires, mais nous ne pouvons plus raisonner en termes de substitution, insiste Antoine Messéan. C’est une remise en cause profonde de la manière de faire de la recherche pour assurer la transition agroécologique. »

Lever des verrous au niveau du conseil stratégique

Un des axes de travail (voir fin de l’article) consistera plus spécifiquement à formuler des recommandations à l’attention des pouvoir publics, pour lever certains blocages. « Il est probable que, même dans le cas où nous serions capables de mettre au point un arsenal pour combiner différents leviers, des verrous persistent », prévient Antoine Messéan. Ce dernier cite ainsi en particulier le cas du conseil stratégique, au sein duquel ces leviers ne sont pas encore suffisamment intégrés. « Les approches intégrées font encore trop souvent défaut, le conseil stratégique peut participer à leur montée en puissance, abonde Antoine Le Gal, de la direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER) au ministère de l’Agriculture. Cela pourrait aussi appuyer le déploiement d’autres démarches, comme les CEPP, qui reste pour l’heure focaliser sur un seul levier à la fois. »

L’appel à projets dispose d’un budget de 3 M€, issus de la redevance pour pollutions diffuses affectée à l’OFB. Il financera des projets d’une durée maximale de 36 mois, avec un budget par projet plafonné à 400 000 €. « Les projets de recherche attendus devront être déposés par un consortium avec au moins une équipe de recherche académique, associant des partenaires variés : scientifiques concepteurs de systèmes, acteurs privés, publics ou associatifs porteurs de leviers alternatifs, acteurs de terrain mettant en œuvre des combinaisons dans des contextes spécifiques et des modélisateurs, en y incluant, si possible, l’appui à l’enseignement et la formation. »

Les lettres d’intention peuvent être envoyées jusqu’au 28 février 2022. Les dossiers complets devront être déposés avant le 16 juin 2022. Le projet Ecophyto est encadré par les ministères de l’Agriculture, de la Transition écologique, de la Santé et de la Recherche.

 

Les quatre axes thématiques de l’appel à projet

  1. Compréhension des logiques d’assemblage des combinaisons de leviers dans des projets existants ou pour des situations critiques non encore abordées ;
  2. Développement de méthodologies de conception et d’analyse ex ante des combinaisons susceptibles d’être efficiente dans un contexte donné ;
  3. Développement d’outils de pilotage des combinaisons ;
  4. Implication pour les politiques publiques et déclinaison en dispositifs d’accompagnement.

 

>> Lire aussi, sur le sujet, notre analyse sur les solutions combinatoires dans notre mag en ligne phytos/semences de novembre 2021.