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Génétique : quatre variétés de vignes résistantes à l'oïdium et au mildiou pour réduire les phytosanitaires

Le | Recherche-developpement

Elles s’appellent Artaban et Floreal pour le vin rouge, Vidoc et Voltis pour le vin blanc. Ce sont quatre nouvelles variétés de vignes sélectionnées par l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) et inscrites au catalogue officiel depuis décembre 2017. Avec une résistance totale à l'oïdium, et élevée au mildiou, elles nécessitent des quantités limitées de fongicides. « L’Indice de fréquence de traitement, au niveau national, se situe aux alentours de 12, explique Christophe Schneider responsable du programme d’innovation variétale Inra-ResDur à l’Inra. Pour ces variétés, il tombe à 2 et 3. » Avec des variations locales, dépendant du climat et de la pression de maladie. Dans des essais menés à Bordeaux sur Artaban, l’IFT est passé à 1, soit une réduction de plus de 90 % par rapport aux références régionales.

Qualité œnologique comparable aux témoins

« Cela reste de l’expérimentation, on peut imaginer économies d’intrants moins importantes en condition réelle, admet le chercheur. De plus, la vigilance et l’intervention fongicide restent nécessaires, notamment pour trois de ces quatre variétés, qui sont sensibles au black-rot, une autre maladie. » Reste que ces variétés représentent un moyen important de réduire l’impact environnemental de la viticulture, sans renoncer à la qualité des vins. « Les caractéristiques organoleptiques sont comparables aux cépages témoins », affirme Christophe Schneider. Techniquement, la précocité et la productivité sont également dans les standards français.

Renoncer à l’appellation pour utiliser les variétés

Quelle sera l’acceptabilité de ces variétés auprès du secteur ? « Chaque filière a ses aspirations et ses contraintes réglementaires, précise Christophe Schneider. En AOP, l’intégration de nouveaux cépages est compliquée et demande du temps. La même démarche est plus facile en IGP. Certains viticulteurs se disent prêts à renoncer à une signature afin d’opter pour ces variétés. C’est un choix stratégique, avec des risques, mais aussi des arguments intéressants, l’image de la viticulture étant parfois écornée par l’usage important de pesticides. »

Le black-rot en ligne de mire

Ces quatre variétés sont le fruit de travaux concordants de plusieurs équipes de l’Inra et de partenaires nationaux et locaux, pendant 17 ans, pour aboutir à des résistances polygéniques. Si plusieurs gènes sont impliqués, le contournement des résistances est plus compliqué, ce qui permet de conforter la durabilité de ces résistances. Et ce n’est pas fini : une deuxième série de variétés sera présentée à l’inscription en 2021, et une troisième en 2024. Au programme, notamment : l’ajout de tolérances au black-rot.