« Indispensable d’accompagner la réduction des doses de cuivre », Jacques Carroget, secrétaire national viticulture à la Fnab
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La Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab) affiche sa satisfaction suite à la parution d'une feuille de route dédiée à l’accompagnement des réductions des doses de cuivre en agriculture, le 15 juillet 2019. Jacques Carroget, secrétaire national viticulture de la structure, exprime toutefois des déceptions à la marge, concernant les PNPP ou le lissage des usages sur plusieurs années.
Référence environnement : Comment avez-vous accueilli la publication d’une feuille de route dédiée à l’accompagnement des réductions d’usage de cuivre ?
Jacques Carroget : Le cuivre n’est pas simplement utilisé en bio. Même si les surfaces ne sont pas comparables, les plus gros volumes sont appliqués en conventionnel. Nous sommes donc satisfaits de voir que l’administration souhaite accompagner la réduction des doses prévues par l’Europe. C’est d’autant plus indispensable que l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) l’a établi : on ne peut pas aujourd’hui s’en passer totalement.
R.E. : Quel avis portez-vous sur son contenu ?
J.C. : Sur les grandes lignes, difficile de ne pas signer des deux mains. Encourager la recherche et l’acquisition de connaissances sur les pathogènes, c’est évidemment essentiel et la Fnab est déjà sur le pont avec l’Itab, avec notamment le projet Basic. Diffuser et encourager les bonnes pratiques, former les agriculteurs, c’est valable pour tous les produits, pas uniquement le cuivre. Concernant les alternatives, nous regrettons le manque d’engagement autour des préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP). Nous sommes moteurs sur ce dossier, à mes yeux oubliés par la feuille de route. Leur préparation et utilisation doivent être structurées, le cadre être plus clair, et les agriculteurs mieux formés.
R.E. : Y a-t-il, selon vous, d’autres manques ou des oublis ?
J.C. : Concernant le travail au niveau européen, nous sommes d’accord, mais il y a déjà des leviers à activer à l’échelle française. C’est par exemple le cas du lissage des utilisations de cuivre sur plusieurs années. En France, tous les produits à base de cuivre ne bénéficient pas de cette possibilité, pourtant essentielle à nos yeux. Globalement, considérer les doses autorisées, lissées sur plusieurs années, permet de réduire les usages. Si on cantonne le raisonnement à l’année, par prudence, les producteurs appliquent des doses plus importantes.
Nous aurions souhaité, enfin, que cette feuille de route évoque les études évaluant la toxicité du cuivre. Nous reconnaissons cette toxicité, mais trop peu de travaux la comparent aux alternatives. Dans ses évaluations, l’Anses prend en compte uniquement les doses pleines. Or, les agriculteurs raisonnent leur usage du cuivre et modulent le plus souvent les doses.