La biomasse, pièce maîtresse de la transition écologique selon un avis de l’Ademe
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Dans un avis paru le 1er mars 2024, l’Ademe rend compte du rôle à jouer par la biomasse dans la poursuite des objectifs de son programme Transition(s) 2050. L’agence préconise notamment une hiérarchisation des usages, qui pourrait être assurée par la création d’instances spécialement dédiées.
, publié le 1er mars 2024, ne laisse guère de place au doute : la biomasse est amenée à devenir un facteur clé du programme Transition(s) 2050. Dans cet exercice de prospective mené depuis 2021 par l’agence, celle-ci imagine quatre scénarios pour conduire la France vers la neutralité carbone d’ici le milieu du siècle. « Pour l’ensemble des scénarios, la consommation de biomasse visée en 2050 est largement supérieure à celle de 2017 pour les usages non alimentaires (facteur 2 à 2,5), avec en priorité une mobilisation forte des biomasses végétales d’origine agricole », souligne l’Ademe en préambule de son avis.
Les usages alimentaires et le retour en sol en priorité
De fait, le rôle de la biomasse pourrait s’avérer décisif sur plus d’un aspect, à commencer par « la préservation de la biodiversité et de ses fonctions, notamment dans le cas des sols, dans le cycle de l’eau, d’un point de vue quantitatif et qualitatif, et dans l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses conséquences », rapporte l’agence de la transition écologique. Pour cela, la biomasse pourrait doubler de volume d’ici 2050, si deux conditions sont toutefois réunies : la modification des systèmes agricoles, caractérisée par « la généralisation des cultures intermédiaires, des haies et de l’agroforesterie » ; l'évolution des régimes alimentaires de la population, avec une réduction des protéines animales. « Les usages alimentaires et le retour au sol sont à considérer en priorité quelle que soit la stratégie de mobilisation de la biomasse retenue », synthétise l’Ademe. Dans un cas comme dans l’autre, l’agence prône la « sobriété ». La biomasse forestière n’est pas en reste puisqu’une « mobilisation supplémentaire (+ 10 millions de mètres cubes, en complément du niveau de récolte actuelle de l’ordre de 52 millions) est envisageable » pour l’Ademe, tout en rappelant que cette hausse doit « nécessairement tenir compte des impacts sur la forêt de l’accélération du changement climatique ».
Un « nouveau cadre de gouvernance » préconisé
L’agence préconise également une hiérarchisation des usages non alimentaires de la biomasse, en privilégiant les applications matériaux « et en priorité pour des produits à longue durée de vie, notamment les constructions bois », avance l’agence. Quant aux usages énergétiques, elle estime « nécessaire de tenir compte des alternatives possibles à la biomasse selon les situations (chaleur fatale, géothermie, solaire), de la performance énergétique et environnementale des installations et des enjeux sociaux ». Pour effectuer les arbitrages entre les différents usage de la biomasse, l’Ademe propose la création d'instances inter-organismes de partage des données et des méthodes, « nécessaire à court terme, notamment pour renforcer l’analyse systémique de la biomasse, éclairer les décideurs publics et privés et améliorer le suivi des ressources et usages au niveau national et au niveau territorial ». Ces instances concourraient, toujours selon l’agence, à « la mise en œuvre d’un nouveau cadre de gouvernance de la biomasse qui aurait vocation à orienter l’action publique et s’assurer de la mise en cohérence de l’ensemble des orientations publiques et de leurs déclinaisons opérationnelles ».