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Neutralité carbone, le rapport Transitions 2050 se projette sur quatre scénarios agricoles

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L’Ademe a présenté, le 30 novembre, un rapport de près de 700 pages, échafaudant quatre scénarios permettant à la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Selon les tendances sociétales globales, dans chaque cas, l’agriculture y joue des rôles divers. Quelques tendances transversales se dégagent malgré tout.

Tansitions 2050, visuel Ademe. - © D.R.
Tansitions 2050, visuel Ademe. - © D.R.

« La neutralité carbone, c’est un vrai enjeu de transformation et d’adaptation de l’agriculture française. » Alors que l’Ademe présentait, le 30 novembre, le rapport Transitions 2050, son président, Arnaud Leroy, n’a pas manqué de rappeler le rôle du secteur agricole pour atteindre la neutralité carbone. Le document liste justement quatre scénarios permettant de remplir cet objectif en 2050, comparés à un scénario tendanciel. Si l’Ademe prépare une analyse macroéconomique de ces quatre scénarios, qui sera prête pour mars 2022, le document dessine d’ores et déjà un rôle bien précis pour l’agriculture dans chaque cas.

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Neutralité carbone, le rapport Transitions 2050 se projette sur quatre scénarios agricoles - © D.R.
Neutralité carbone, le rapport Transitions 2050 se projette sur quatre scénarios agricoles - © D.R.

Graphique extrait du rapport Transitions 2050.[/caption]

À noter : l’objectif fixé par la stratégie nationale bas carbone (SNBC) concernant les émissions de GES, soit leur division par deux (ou « facteur 2 »), n’est atteint que dans les deux premiers scénarios listés ci-dessous, construits entre autres sur une « réduction importante des cheptels et de l’usage des intrants de synthèse, ainsi qu’un retour à davantage de saisonnalité », autrement dit moins de serres chauffées.

Lire aussi : Negawatt aiguille l’agriculture pour qu’elle contribue à la neutralité carbone en 2050

Agriculture plus extensive pour une « génération frugale »

Le scénario « génération frugale » s’appuie avant tout sur un recul de la consommation au sens large, en particulier d’énergie (divisée par trois), mais aussi de viande, dans la même proportion. L’évolution alimentaire favorise une agriculture plus extensive, avec peu d’intrants de synthèse, et davantage d’espaces naturels non productifs. Les rendements sont significativement moins hauts (-25 % pour le blé, par exemple). La méthanisation se développe « dans la majorité des exploitations », mais au niveau le moins élevé parmi les quatre scénarios (environ 109 TWh).

« Coopérations territoriales » : plus d’énergie produite et moins d’eau consommée

La consommation de viande est également réduite, mais cette fois de moitié, dans le scénario « coopérations territoriales », où la société évolue vers une gouvernance partagée entre ONG, institutions publiques, secteur privé et société civile. Malgré une augmentation des surfaces irriguées, les volumes d’eau mobilisés pour cet usage sont moins importants que dans le scénario tendanciel (-36 %) grâce à des pratiques plus précises. Une part importante du bois issu des haies et de l’agroforesterie intraparcellaire est valorisée pour permettre la production de 25 TWh. La méthanisation gagne substantiellement du terrain.

Innovations à tout crin avec « technologies vertes »

Plus que les changements de comportements vers la sobriété, c’est le développement technologique qui permet de répondre aux défis environnementaux dans le scénario « technologies vertes ». Ici, l’agriculture s’intensifie, avec davantage d’intrants de synthèse, notamment pour alimenter des débouchés énergétiques via des cultures non-alimentaires, pour la méthanisation (135 TWh) et les biocarburants de deuxième génération (25 TWh). L’empreinte environnementale de l’alimentation est réduite par des filières plus efficientes en termes énergétiques, et drainant moins de gaspillage.

Agriculture spécialisée et compétitive dans le « pari réparateur »

Enfin, le scénario « pari réparateur » table sur une évolution marginale des comportements de consommation. La société place sa confiance dans la capacité à «  gérer voire à réparer les systèmes sociaux et écologiques avec plus de ressources matérielles et financières pour conserver un monde vivable ». L’agriculture est fortement spécialisée et compétitive, avec notamment un développement marqué de l’agriculture de précision, du biocontrôle et des solutions innovantes de protection des cultures ou encore de la génétique. Le rendement global augmente de 14 % par rapport au scénario tendanciel.

Transition 2050 liste des grands enseignements transversaux

L’Ademe tire de ce travail prospectif une série de grandes recommandations pour le secteur, valables quel que soit le scénario concrétisé dans les faits. En particulier :

  • agir de façon couplée sur l’offre et la demande agricole et alimentaire,
  • protéger la ressource sols,
  • renforcer le développement des projets alimentaires territoriaux,
  • adopter une politique cohérente aux frontières,
  • rendre plus cohérentes les politiques structurantes du secteur agricole,
  • évaluer localement la disponibilité actuelle et future en eau,
  • évaluer localement les impacts potentiels du changement climatique.