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La pollution à l’ozone pèse lourd dans les champs

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Pour actualiser les études d’impact de l’ozone sur les rendements, le projet Apollo, co-financé par l’Ademe et le ministère de la Transition écologique, a mis au point un OAD. Les résultats ont été synthétisés dans une étude, diffusée début juillet. Ils confirment l’impact négatif sur les récoltes de l’ozone et souligne le faible nombre de solutions à disposition des agriculteurs pour y faire face. 

La pollution à l’ozone pèse lourd dans les champs
La pollution à l’ozone pèse lourd dans les champs

Encore méconnu des agriculteurs, l’impact de la qualité de l’air sur l’agriculture est au cœur du projet Apollo, financé par l’Ademe et le ministère de la Transition écologique. Il s’est intéressé aux effets de l’ozone sur les cultures et les arbres, durant la période 1990-2010, mais aussi de manière prospective à l’horizon 2030. Un rapport diffusé début juillet confirme l’impact négatif de la molécule sur les rendements. Malgré une tendance à la baisse, les pertes en pourcentage agrégées sur la France restent importantes, avec en 2010, 15 % pour le blé tendre, 11 % pour les prairies et les pommes de terre. Si ces pertes sont attendues moins importantes entre 2010 et 2030, comparées à celles mesurées entre 1990 et 2010, les auteurs de l’étude rappellent que leur analyse n’a pas pris en compte l’effet du changement climatique.  

De forts impacts économiques

Les effets observés sont légèrement en recul entre 1990 et 2030. Toutefois, ces résultats cachent des augmentations localisées dans certaines régions, en fonction des espèces cultivées. Plus précisément, le blé et les pommes de terre sont plus particulièrement touchés au nord, les prairies sur une diagonale allant de l’Aveyron à la Moselle. Les tomates de plein champ, pour leur part, demeurent peu touchées. Ainsi, en France et en 2010, les pertes économiques seraient de près d’un milliard d’euros pour le blé tendre, de plus d’un milliard d’euros pour les prairies et de plus de 200 millions d’euros pour les pommes de terre. 

Favoriser la réduction des émissions plutôt que l’adaptation

Pour aboutir à ces résultats, le projet a construit un outil d’aide à la décision (OAD) spécifique, se fondant sur les flux stomatiques d’ozone (POD), c’est à dire la quantité d’ozone entrant dans les feuilles. Celui-ci a permis de mesurer les effets de l’ozone sur les cultures, mais aussi de les monétariser. Ces résultats seront néanmoins à approfondir au cours de la poursuite du projet. Certains points restent encore à éclaircir. Le faible taux de retour de questionnaires envoyés aux chambres d’agriculture, symptomatique des lacunes en la matière, n’a pas permis de tirer de conclusions sur l’impact de cette pollution sur le revenu des agriculteurs. Néanmoins, les réponses récoltées soulignent que « les stratégies visant à réduire les impacts de l’ozone discutées de façon théorique dans la littérature ne sont pour la majorité pas jugées pertinentes sur le terrain  ».

Selon le rapport, la limitation des émissions serait plus appropriée que la mise en place de stratégies d’adaptation. Confirmant « le besoin de travailler en priorité à la réduction des émissions de précurseurs, ce qui constitue encore un réel challenge pour un polluant tel que l’ozone, dont les niveaux dépendent non seulement des émissions, mais aussi du transport à longue distance, et du réchauffement climatique ». 

Voir aussi sur le sujet  : https://www.reference-agro.fr/sia-2020-pollution-de-lair-et-notamment-lozone-pourrait-entrainer-des-pertes-de-rendements/