Transition vers l’agriculture 4.0, encore des freins à lever, selon Xerfi
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L’institut d’études privé, Xerfi, a publié une étude le 23 mars sur la montée en puissance de l’agriculture 4.0. Si l’agriculture de précision se développe, certaines filières sont encore peu tournées vers ces outils. L’institut d’études pointe le trop faible accompagnement des agriculteurs et des investissements insuffisants.
Robotique, intelligence artificielle, automatisation, la transition 4.0 de l’agriculture française est amorcée. Grâce à la démocratisation des nouvelles technologies telles que le drone, les systèmes de géolocalisation ou autoguidage, l’analyse de données météos, l’agriculture de précision gagne du terrain dans les campagnes. « Une agriculture 4.0 qui tend à améliorer la situation financière de quelque 450 exploitations du pays », précise Damien Callet, chargé d’études économiques chez Xerfi et auteur de l’étude « Les défis et opportunités des nouvelles technologies dans l’agriculture à l’horizon 2024, quelles perspectives dans l’agriculture de précision ? », publiée par l’institut d’études privé le 23 mars. Malgré une année 2020 difficile, avec un repli de près de 11 % à 15 milliards d’euros de la situation financière des exploitations, le cap des 10 000 robots installés a été franchi. Avec des difficultés de recrutement de la main d’œuvre agricole et l’essor du bio, la robotisation trouve sa place dans les exploitations françaises.
Selon l’étude, cette dynamique s’intensifierait à l’horizon 2024. Cela concernerait notamment le marché des outils d’aide à la décision (OAD) : non seulement ce marché sera le secteur le plus dynamique de l’agriculture 4.0 d’ici à trois ans mais ce sera le segment où l’intensité concurrentielle sera la plus forte, selon l’avis des experts de Xerfi. D’autant plus que les nouvelles solutions sont désormais abordables, en raison de prix attractifs.
Un développement inégal
L’étude souligne néanmoins un développement inégal sur le terrain, en fonction des secteurs. « La moitié des éleveurs laitiers qui s’installent est désormais équipée en robot de traite, indique l’étude, alors qu’en viticulture, où les robots n’en sont qu’à leurs prémices, aucune envolée des ventes n’est attendue avant au moins une dizaine d’années ». Parmi les freins cités : le faible accompagnement des agriculteurs dans la prise en main de ces outils mais aussi le manque même d’équipements. Un enjeu dont s’est saisi le Plan de relance en créant deux dispositifs d’aide au renouvellement des agroéquipements. L’enveloppe de 215 millions d’euros a été allouée en trois semaines seulement !
Le marché français à la traine
La France n’abrite aucune des méga-plateformes du numérique alors que Google, Microsoft ou Alibaba tissent progressivement leur toile dans l’agriculture. « Dans ce contexte, le développement de l’agriculture 4.0 en France repose en partie sur un vivier de start-up, quelque 250 AgriTech, dont 70 présentes dans l’agriculture de précision » recensent les experts de Xerfi.
Même si les start-up peuvent bénéficier du soutien des écoles et laboratoires de recherche ou faire parties d’un groupement accélérateurs de start-up comme les Champs du possible, la question du financement est au cœur des discussions. En cause ? Le manque d’investisseurs. En 2020, le montant levé par les jeunes pousses françaises a atteint un niveau record grâce à deux acteurs spécialistes de la robotique, Naïo Technologies (14 M€) et VitiBot (11 M€). Mais sans eux, le montant moyen collecté est de moins de 2 millions d’euros en 2020.