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L’AFBV veut mettre l’édition génétique au service d’une agriculture bio plus productive

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Même si les nouvelles techniques d’édition génétique diffèrent de la transgénèse propre aux OGM, les plantes génétiquement modifiées (PGM) se heurtent à des oppositions sociétales. Le 12 octobre à Paris, l’association française des biotechnologies végétales, AFBV, a voulu renouer le dialogue sur le sujet, en organisant un colloque intitulé « Les biotechnologies végétales au service de l’agriculture bio ».

Paméla Ronald, professeure à l’Université de Californie de Davis, présente un riz résistant aux inon - © D.R.
Paméla Ronald, professeure à l’Université de Californie de Davis, présente un riz résistant aux inon - © D.R.

« Acceptera-t-on un jour de cultiver des plantes génétiquement modifiées en France ? » Georges Freyssinet, président de l’association française des biotechnologies végétales, AFBV, clôt ainsi son allocution d’ouverture du colloque organisé par l’association, le 12 octobre, à Paris. Alors que la réglementation européenne est en cours d’adaptation, afin de réserver une place particulière aux nouvelles techniques d’édition du génome (mutagénèse dirigée et cisgénèse), l’acceptation sociétale des plantes génétiquement modifiées est encore loin d’être acquise. Et pourtant, ces outils génétiques, qui s’appuient notamment sur la technologie CRISPR/Cas9 récompensée par un prix Nobel de chimie en 2020, apportent des réponses aux grands enjeux d’aujourd’hui, qu’il s’agisse de souveraineté alimentaire ou de préservation de l’environnement. C’est ce qu’a voulu montrer l’association en organisant son colloque autour de la thématique : « Les biotechnologies végétales au service de l’agriculture bio ».

La transition génétique au service de la transition écologique

« Pour atteindre l’objectif européen de 25 % des surfaces agricoles cultivables en bio en 2030, la production biologique doit être plus productive, déclare Georges Freyssinet. Elle ne doit pas se fermer aux nouveaux outils d’édition génomique. » Augmentation de rendement, résistance aux maladies et aux ravageurs, adaptation aux variations climatiques ou encore réponse aux manques d’eau et d’apports nutritifs, la génétique doit être l’alliée de la production biologique, selon l’association. Et plus généralement, de la transition écologique.

Utiliser tous les outils disponibles

« Ce qui me fait le plus peur, c’est que les populations les plus pauvres pourraient se voir refuser l’accès aux nouvelles technologies, à cause des peurs de ceux qui ont à manger. » Reconnue pour ses travaux sur la biologie des maladies infectieuses et la tolérance aux stress environnementaux, Pamela Ronald, professeure au département de pathologie végétale et centre du génome de l’Université de Californie à Davis, a expliqué comment l’édition génétique avait permis de créer une variété de riz tolérant aux inondations. Aujourd’hui cultivée par plus de six millions d’agriculteurs dans le monde, son rendement est supérieur de 60 % à celui des variétés standard. « Nous devons utiliser tous les outils disponibles pour répondre à l’enjeu de sécurité alimentaire », insiste-t-elle.

Plus de 400 projets PGM dans le monde

A ce jour, seules deux plantes « éditées » sont commercialisées : un soja avec une forte concentration en acide oléique aux Etats-Unis et une tomate enrichie en acide y-aminobutyrique au Japon. Mais de nombreux projets sont au stade de la R&D : résistance au mildiou, au potyvirus, tolérance à la sécheresse, … Le centre de recherche de la Commission européenne, le Joint Research Center (JRC), a identifié plus de 400 projets d’édition génétique dans le monde, portant sur 80 espèces cultivées. La France se positionne à la cinquième place, loin derrière la Chine, les Etats-Unis, le Japon et l’Allemagne.