L’élevage intensif « plus favorable aux épidémies », selon la FRB
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Par le nombre d’animaux réunis en seul lieu et la moindre diversité génétique entre eux, notamment, l’élevage intensif serait plus propice à la diffusion de maladies infectieuses. C’est l’un des enseignements d’un rapport produit par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) à la demande des pouvoirs publics, sur les liens entre biodiversité et Covid-19.
Alors que la pandémie de Covid-19 n’a toujours pas été stoppée, au niveau mondial, plusieurs études et chercheurs insistent sur les liens entre l’émergence et la diffusion des maladies infectieuses et les pressions exercées sur les écosystèmes. L’érosion de la biodiversité est particulièrement pointée du doigt, comme le rappelaient une conférence de l’Iddri organisée en avril. Pour faire le point sur ces enjeux, les pouvoirs publics français ont commandé un rapport à la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB). Celui-ci a été publié le 15 mai. Trois questions étaient posées : quels sont les liens de la crise sanitaire actuelle avec la faune sauvage ; avec l’érosion de la biodiversité et la destruction de milieux naturelles ; avec les systèmes de production alimentaire et les transports (humains, animaux d’élevage, produits agricoles). 22 fiches thématiques ont été rédigées pour répondre à ces interrogations.
Les mesures de biosécurité ne suffisent pas
Les liens entre zoonoses (maladies infectieuses des animaux vertébrés transmissibles à l’être humain) et l’intensification de l’élevage, font consensus sur de nombreux points, en particulier sur les risques en découlant : coexistence spatiale proche entre élevage et faune sauvage, concentration des animaux selon l’hypothèse que l’augmentation des densités d’humains, de cultures et de bétail a le potentiel d’augmenter à la fois l’incidence et la gravité des maladies infectieuses, perte de diversité génétique, conditions d’élevage génératrices de stress. Si les mesures de biosécurité mises en place dans les élevages intensifs réduisent le risque de contamination, les fortes densités, le stress, et la faible diversité génétique accélère la propagation, quand elle intervient. De plus, les populations d’animaux d’élevage « constituent, par rapport aux populations de mammifères et d’oiseaux sauvages, un compartiment beaucoup plus grand et donc plus favorable aux épidémies, d’autant que les transports de produits animaux et d’animaux vivants à large échelle se sont fortement accrus », précise la fiche 16, consacrée à cet enjeu. Le rapport insiste néanmoins fortement sur les besoins de recherche sur les liens entre intensification agricole et santé, soulignant « le manque [cruel] de recherches et de démonstrations dans un certain nombre de maladies ».