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« Les aménagements agroécologiques en arboriculture bio renforce la biodiversité », Jean-Michel Ricard, CTIFL

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L’agriculture biologique favoriserait la préservation de la biodiversité fonctionnelle, surtout en arboriculture fruitière. Quels sont les facteurs déterminants de cette préservation et comment l’agriculture biologique enrichit-elle l’écosystème des vergers fruitiers ? Trois questions à Jean-Michel Ricard, responsable biodiversité fonctionnelle au Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes, CTIFL, de Balandran (30)

« Les aménagements agroécologiques en arboriculture bio renforce la biodiversité », Jean-Michel Ricard, CTIFL
« Les aménagements agroécologiques en arboriculture bio renforce la biodiversité », Jean-Michel Ricard, CTIFL

Référence agro : Vous affirmez que l’agriculture biologique favorise la préservation de la biodiversité fonctionnelle, surtout en arboriculture fruitière. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

Jean-Michel Ricard : La préservation de cette biodiversité s’explique principalement par trois raisons. D’abord, la pérennité de la plantation d’arbres permet un habitat stable pour la faune et la flore. Ensuite, la présence de différentes strates, à savoir herbacées et arborées, davantage présentes en arboriculture, enrichit l’écosystème. Enfin, les haies et habitats semi-naturels adjacents aux parcelles, aussi plus fréquents en vergers, jouent un rôle crucial. Par exemple, les oiseaux et les chauves-souris se nourrissent des ravageurs tels que le carpocapse de la pomme, ce qui est bénéfique pour les cultures.

En intégrant divers aménagements agroécologiques, l’agriculture biologique permet non seulement de préserver mais aussi de renforcer la biodiversité fonctionnelle. Cela assure une gestion plus durable et respectueuse de l’environnement des vergers fruitiers.

R.A. : Vous avez mentionné l’importance des habitats agroécologiques. Pourquoi sont-ils essentiels et comment les favorisez-vous ?

Jean-Michel Ricard : Pour favoriser les auxiliaires et la régulation naturelle, il est indispensable de préserver et de créer des habitats et des aménagements agroécologiques à toutes les échelles : parcelle, exploitation, paysage. Les aménagements agroécologiques apportent le gîte et le couvert pour des auxiliaires de culture. La pose de nichoirs, la présence de mares et de gîtes à reptiles sont particulièrement efficaces. Au CTIFL, nous avons observé une hausse de 20 espèces d’oiseaux, de mammifères et de reptiles entre 2009 et 2019, grâce à ces aménagements, bien que l’impact direct sur les cultures soit parfois difficile à évaluer.

Nos essais ont montré que les systèmes en agriculture biologique présentent une plus grande diversité, notamment ceux avec des bandes florales par rapport à ceux avec de l’herbe broyée. Nous avons noté 1005 individus et 38 espèces différentes en agriculture raisonnée. Ces chiffres montent respectivement à 1726 individus et 44 espèces système en bio avec herbe broyée, et à 2336 individus et 50 espèces en bio avec des bandes florales.

R.A. : Pouvez-vous nous parler du projet Ecophyto Alto ?

Jean-Michel Ricard : Le projet Ecophyto Alto, démarré en 2019, consiste à tester la mise en place de vergers diversifiés à très bas niveau d’intrants phytosanitaires. Nous avons créé des connectivités avec des habitats tels que les mares, nichoirs, gîtes à chauves-souris, friches et haies multi-espèces, ainsi que des plantes aromatiques. Nous n’utilisons aucun produit phytosanitaire, hors biocontrôle non impactant pour la faune auxiliaire, du cuivre et soufre à dose réduite. Nous restons également vigilants sur certains produits utilisés en bio, comme ceux contenant du spinosad, qui peuvent impacter les auxiliaires et que nous n’utilisons pas. Dans ces systèmes bas intrants, nous combinons plusieurs solutions, dont la création variétale et les aménagements du territoire.