Les Ateliers de la terre veulent resituer la place de l'agriculture dans la transition énergétique
Le | Recherche-developpement
Les Ateliers de la terre, groupe de réflexion s’intéressant aux grands défis en matière de développement durable, organisait le 8 avril une conférence-débat sur le thème de « la place de l’agriculture dans la transition énergétique. » L’occasion, pour les intervenants de resituer certaines thématiques, qu’elles soient largement mises en avant ou au contraire négligées. L’idée forte, développée par l’ensemble des participants, peut se résumer ainsi : le fonctionnement du système agricole n’est pas simple ou linéaire. En changer l’orientation, lui trouver une place dans la transition énergétique, nécessite de l’appréhender dans toute sa complexité. « Par exemple, simplifier l’équation »vache = méthane« , c’est oublier de multiples données : préservation d’une activité en milieu rurale, lait, viande, paysages… », avance Bruno Rebelle, directeur de Transitions. Corinne Lepage, présidente de CAP21, abonde : « Faire des bilans sans compter toutes les externalités, qui sont dans certains cas pratiquement négligées, c’est prendre le risque de faire des mauvais choix. » Pour mieux appréhender cette complexité, Hervé Guyomard, directeur scientifique agriculture de l’Inra, tient pour sa part à ramener les thématiques agricoles, très souvent décryptées au niveau de l’exploitation, à l’échelle des territoires, « ce qui n’est pas le cas de la nouvelle PAC. » Replacer la concurrence alimentation/énergie dans son contexte Sur la question récurrente de la concurrence entre nourrir et fournir de l’énergie, c’est également un consensus : produire de l’alimentaire doit rester prioritaire. Christiane Lambert, première vice-présidente de la FNSEA, tient cependant à resituer le débat, du moins à l’échelle de la France : « Seuls 2,46 % des sols sont dédiés aux énergies renouvelables et biocarburants, bien loin des 37 % du maïs américain cultivés à des fins énergétique, ou du système allemand où le maïs est cultivé comme matière première méthanisable. » Les intervenants ont par ailleurs regretté la large place prise par ce type de débat, au détriment d’autres thématiques essentielles. « La déperdition d’énergie liée au gaspillage alimentaire devrait alerter davantage », estime ainsi Nicolas Imbert, directeur exécutif Green Cross France et Territoires, rejoint par Hervé Guyomard qui ajoute qu'« avant d’augmenter la production agricole, ce qui sera évidemment un enjeu important à l’avenir, il est important de travailler à l’accès à l’alimentation pour limiter le gaspillage. » La nécessaire remise en avant des sols Le directeur scientifique agriculture de l’Inra tient également à mettre en avant l’importance de la préservation des sols. « Un effort mondial est nécessaire pour mieux connaître les ressorts du captage de carbone », estime-t-il. Sur ce thème, Nicolas Imbert déplore un manque de valorisation de ces sols, notant qu'« un agriculteur peu attentif à son sol vend ses hectares aussi chers que celui qui y prend soin. » Christiane Lambert apporte à nouveau un éclairage national sur ce thème : « La France artificialise trop de terres agricoles : les terres perdues le sont définitivement, ce qui est difficile à compenser. »