Les légumineuses, un enjeu pour l’avenir du bio
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Le programme Metabio conduit par l’Inrae propose de répondre aux problématiques et aux enjeux posés par le changement d’échelle de l’agriculture biologique. Ayant pris l’hypothèse d’une conversion de 50 % des surfaces en 2030, les chercheurs vont étudier les leviers à mettre en place, notamment le développement des légumineuses.
L’augmentation croissante des surfaces dédiées à l’agriculture biologique pose la question de la restructuration des filières. Un enjeu au cœur du métaprogramme Metabio mené par l’Inrae, officiellement lancé début 2020. Lors d’une conférence organisée le 18 novembre, différents acteurs du secteur ont esquissé des pistes d’action, notamment celle de la production de légumineuses.
Un consortium dédié aux légumineuses
Dans l’hypothèse, prise par le métaprogramme, d’une production majoritaire de bio, les engrais minéraux, largement utilisés, devront laisser la place à d’autres formes de fertilisation azotée. Si l'’utilisation de fertilisants organiques est souvent évoquée pour remplacer les engrais de synthèses, d’autres solutions existent. Dans les régions où l’élevage est peu présent, l’implantation de légumineuses pourrait être une alternative. En plus de fixer l’azote de l’air, elles permettraient de limiter l’importation d’intrants. Le consortium Agribioleg, financé dans le cadre de Metabio, se penchera sur cette question, avec plusieurs objectifs : identifier les leviers et les modalités d’une insertion accrue des légumineuses dans les assolements, caractériser la demande potentielle dans l’alimentation humaine, et explorer les conséquences sur la structuration des filières. « Il est nécessaire de développer ces cultures mineures en développant des démarches de filières », estime Pietro Barbari, chercheur à l’Inrae et membre du programme.
Réinventer la légumineuse
Mais l’expansion des légumineuses risque de se confronter à des freins agronomiques. Aujourd’hui, ces cultures représentent moins de 2 % de l’assolement en grandes cultures. Elles sont de moins en moins utilisées dans l’alimentation du bétail. « Les légumineuses sont parmi les cultures les plus touchées par le changement climatique, et présentant le moins de solutions pour l’instant, précise Charlotte Glachant, responsable agriculture biologique à la Chambre d’agriculture de Seine-et-Marne. Il faut réinventer la légumineuse. » Pour cette dernière, les légumineuses devront relever un double défi : « permettre la construction de nouvelles filières tout en conservant une valeur ajoutée intéressante ».
300 chercheurs seront mobilisés durant sept ans dans le cadre de Métabio.