L’exposition des populations aux pesticides globalement en baisse depuis 2006/07 (étude Esteban)
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Une étude de Santé publique France, publiée le 16 décembre, s’intéresse à l’exposition de la population à certains pesticides, classés dans cinq catégories. Elle révèle des niveaux d’imprégnation en baisse par rapport à 2006/07, et comparables à ceux des autres pays européens. Le document pointe aussi des expositions jugées non négligeables pour certaines substances désormais interdites.
Santé publique France publie, le 16 décembre, le troisième volet de son étude Esteban, pour « Étude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition ». Le document propose une évaluation de l’exposition de la population à différentes substances (PCB, dioxines et furanes), ainsi qu’aux pesticides, ceux-ci étant classés dans cinq groupes (liens vers chaque chapitre de l’étude) : organochlorés spécifiques et chlorophénols ; organophosphorés ; herbicides ; pyréthrinoïdes ; carbamates. Esteban s’appuie sur des prélèvements d’échantillons sanguins et d’urine sur la période 2014-2016, auprès de plusieurs centaines d’adultes, la taille de l’échantillon étant variable selon les molécules recherchées, et pour la première fois, d’enfants.
« Niveaux d’imprégnations plutôt faibles et similaires à ceux mesurés en Europe »
Résultats ? Les niveaux mesurés, qualifiés de « plutôt faibles », sont en diminution par rapport à l’Étude nationale nutrition santé (ENNS) de 2006-07 chez les adultes pour l’ensemble des substances étudiées, sauf pour un métabolite de l’insecticide deltaméthrine. Par ailleurs, ces niveaux s’avèrent « comparables à ceux mesurés dans les autres pays d’Europe », commente Clémence Fillol, responsable de l’unité surveillance des expositions de Santé publique France. Autre constat : l’exposition à certaines substances désormais interdites concernent une part « non négligeable » de la population. L’exemple du lindane est mis en avant : cet insecticide est quantifié chez presque 50 % de la population des adultes et des enfants.
Le glyphosate n’échappe pas à un petit coup de projecteur, comme cela avait été le cas dans la récente étude de l’Inserm sur le lien entre l’exposition aux pesticides et les risques pour la santé. Le polémique herbicide était la substance active la plus vendue en France entre 2014 et 2016, que ce soit pour des usages professionnels ou amateurs. Il est quantifié chez 16,6 % des adultes et 14,4 % des enfants.
Esteban livre des valeurs de références utilisables à l’avenir
L’un des objectifs d’Esteban était d’établir des valeurs de référence, VRE, pour les différents pesticides suivis. En clair, la VRE renseigne sur le niveau d’imprégnation de la population générale française. C’est un chiffre « au-delà duquel on peut vraisemblablement considérer l’imprégnation comme anormalement élevée », résume Santé publique France. Précision importante : les VRE se situent comme un outil d’alerte utilisable à l’avenir, pour détecter la surexposition d’une partie de la population, mais ne renseignent pas sur un quelconque effet du pesticide sur la santé des personnes exposées.