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L’INAO poursuit ses travaux sur l’adaptation au climat des signes de qualité

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Accélérés suite à la sécheresse estivale de 2022, les travaux de l’Institut national de l’origine et de la qualité, INAO, pour adapter les signes de qualité au climat suivent leur cours, avec un nouveau mot d’ordre : l’expérimentation. Des grilles d’analyse de durabilité devraient être prochainement publiées.

L’INAO poursuit ses travaux sur l’adaptation au climat des signes de qualité
L’INAO poursuit ses travaux sur l’adaptation au climat des signes de qualité

Dans un contexte de changement climatique, les pratiques imposées par les cahiers des charges des signes de qualité - IGP, AOC, label rouge - peuvent limiter les marges de manœuvre des agriculteurs. Depuis la sécheresse de l’été 2022, qui avait conduit l’INAO à accorder 41 dérogations à des fromages, des vins, des viandes ou encore des produits

végétaux, l’institut encourage les organismes de défense et de gestion, ODG, à expérimenter pour identifier quelles modifications pérennes des cahiers des charges pourraient être nécessaires. « C’est le fonctionnement même des signes de qualité : les propositions remontent toujours du terrain », souligne Carole Ly, directrice générale de l’institut.

Sur l’exemple des travaux menés par la filière viticole depuis 2016, d’autres productions se sont emparées de la nouvelle logique. Parmi les plus avancées côté végétal : l’AOC Piment d’Espelette. Lancée en 2021, une étude financée par le syndicat de producteurs, l’agence de l’eau Adour-Garonne et la communauté d’agglomération Pays Basque se penche actuellement sur les besoins en eau des plantes tout au long de la saison. « Nous aimerions gérer nous-même les autorisations d’irrigation, dans un cadre correspondant aux besoins de la culture », détaille Panpi Olaizola, président du syndicat des producteurs de piment d’Espelette.

Une équation impossible pour certaines productions

Certaines productions ont cependant moins de marge de manœuvre. Au sein de la petite zone du label rouge « lingot du Nord » et « flageolet vert », à peine 60 ha, l’irrigation ne suffira pas à résoudre les problèmes. Après la récolte, le cahier des charges du label impose le séchage sur perroquet, sorte de tipi en bois installé dans les champs sur lesquels les haricots reposent à l’air libre plusieurs semaines.

« On a besoin de beau temps à ce moment-là, mais la météo est de plus en plus imprévisible. Nous sommes face à un dilemme : enlever le séchage en perroquet faciliterait la récolte, or c’est précisément ce qui justifie le label rouge », témoigne Benoît Lefevre, exploitant à Merville (59).

Certaines AOC bénéficient du changement climatique

Pour éviter que d’autres signes de qualité se retrouvent dans l’impasse, l’INAO travaille actuellement sur des grilles d’analyse de durabilité. Un ensemble de fiches sera bientôt publié pour préciser aux ODG les attentes des comités nationaux dans le cadre des dossiers de création ou de modification des cahiers des charges. Variétés, traitements phytosanitaires, gestion de l’eau : « nous essayons de nous doter d’une méthode claire pour évaluer l’adaptation des cahiers des charges, et la manière dont ils répondent aux attentes sociétales », résume Carole Ly.

Pour l’heure, insiste-t-elle, le changement climatique n’a en revanche entraîné aucune restriction du territoire de production. « La question économique est complexe, retirer des zones serait extrêmement difficile. On me pose aussi souvent la question, mais aucun signe de qualité, à ma connaissance, ne devrait disparaître. Certaines productions, comme le cognac ou le champagne, peuvent même être avantagées », remarque Carole Ly.