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Pesticides, lancement d’un réseau européen de fermes de démonstration

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Réunissant 31 partenaires dans 16 pays, et coordonné par l’Inrae, le projet H2020 IPMWorks veut construire un réseau de fermes de démonstration européennes pour prouver l’efficacité de la protection intégrée. Fondé sur le modèle du réseau Dephy, il a été lancé le 1er octobre 2020. Explications avec le coordinateur du projet, Nicolas Munier-Jolain.

Pesticides, lancement d’un réseau européen de fermes de démonstration
Pesticides, lancement d’un réseau européen de fermes de démonstration

Démontrer à l’échelle européenne que la protection intégrée des cultures fonctionne, alors que le Green Deal pose l’objectif d’une réduction de 50 % de l’usage des pesticides en 2030 : c’est l’ambition du réseau « H2020 IPMWorks », officiellement lancé le 1er octobre. Tout a commencé en 2019, quand les porteurs du réseau Dephy, ont répondu à un appel à propositions de la Commission européenne, pour la mise en place d’un réseau européen de fermes de démonstration. « L’appel reprenait toutes les composantes de Dephy : la taille, la prise en compte de la dimension systémique des exploitations, les échanges entre pairs, le rôle des conseillers, explique Nicolas Munier-Jolain, chercheur à l’Inrae, et coordinateur du projet. Nous nous sommes donc dits que nous étions légitimes pour porter ce réseau européen. » Les chambres d’agriculture et le réseau des instituts techniques, partenaires historiques du réseau Dephy, ont également co-construits ce réseau européen, qui compte 31 partenaires.

250 exploitations en quatre ans

Concrètement, l’objectif est de mettre en place, au cours des quatre prochaines années, 22 groupes de fermes, soit 250 exploitations de démonstration. Ces efforts s’appuieront sur des réseaux déjà constitués, notamment en Angleterre (Leaf), Suisse (Pestired), Allemagne (Dips) et au Pays-Bas (Groen). « Le gros du travail sera de lancer ce réseau dans des pays où rien n’est encore fait, précise Nicolas Munier-Jolain. Chaque groupe de fermes sera constitué autour d’une filière (grandes cultures, arboriculture, viticulture), pour favoriser les échanges entre agriculteurs. Ces derniers devront par ailleurs réaliser douze actions de démonstration au cours des quatre prochaines années, pour diffuser au maximum les apprentissages : journée porte-ouverte, démonstration d’outils, témoignage vidéos, etc.

Etendre le réseau à toute l’UE

Pour l’heure, seize pays sont engagés dans le réseau (hors France), avec l’objectif d’avoir au moins un groupe constitué dans chacun d’entre eux. « Nous voudrions faire plus, mais avec 6 M€ pour 4 ans nous sommes limités, indique Nicolas Munier-Jolain. Ce réseau doit servir à amorcer quelque chose, en faisant la preuve que ces systèmes fonctionnent. » A terme, l’objectif est bien d’étendre le réseau à l’ensemble des pays de l’UE. Pour cela, des actions sont déjà prévues. « Nous allons mettre en place des formations de conseillers agricoles dans les pays où ne nous sommes pas encore, comme la République Tchèque, la Hongrie ou la Suède, pour qu’ils puissent ensuite animer des groupes de fermes », précise le coordinateur du projet. Ces actions seront-elles suffisantes pour atteindre, au cours de la prochaine décennie, les objectifs du Green Deal ? S’il est convaincu de la portée de ce réseau, son coordinateur insiste : « Les agriculteurs ne doivent pas être les seuls à agir, il y a tout un environnement à engager. Les conseillers agricoles doivent croire que c’est possible, la diversification des filières doit être accompagnée, la distribution et les consommateurs doivent également être au rendez-vous. »