Pesticides, le projet Capriv étudie les haies comme obstacle à l’exposition des riverains
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Initié pour éclairer l’enjeu des zones non-traitées à proximité des habitations, le projet Capriv doit aboutir pour la fin 2022. Il vise à caractériser les expositions des riverains et à identifier les moyens de les limiter. Après neuf mois de travail, Benjamin Perriot, ingénieur « techniques de pulvérisation » chez Arvalis, propose un point d’étape pour Référence agro.
Derrière l’acronyme Capriv, se cache le nom et l’objectif d’un projet piloté par l’Acta : « Concilier Application des Produits phytosanitaires et protection des RIVerains ». Il a été lancé en octobre 2020, quelques mois après la publication du fameux décret « ZNT ». « Le ministère de l’Agriculture a d’abord missionné les instituts techniques et Inrae pour produire un rapport sur les différentes pistes d’action, afin de limiter l’exposition des riverains aux pesticides, rappelle Benjamin Perriot, ingénieur « techniques de pulvérisation » chez Arvalis. Après la publication de ce rapport, l’Acta a été mandatée pour proposer des avancées plus concrètes via un projet de recherche. » Celui-ci associe l’Anses, Inrae et les instituts techniques des grandes cultures (Arvalis), des fruits et légumes (CTIFL) et de la viticulture (IFV).
Capriv, c’est pas fini !
Le ministère a débloqué précisément 591 723 euros, pour un travail à mener jusqu’à décembre 2022. Alors que la mi-parcours se rapproche, les différents axes de travail sont largement entamés. L’un des objectifs est de tester et valider les différents matériels et réglages permettant de limiter les dérives. Sur 2021, des expérimentations ont été menées en grandes cultures. « Nous avons simulé une application fongicide aux stades « 2 nœuds » et « dernière feuille étalée », explique Benjamin Perriot. Trois types de transfert ont été suivis : les retombées jouxtant directement la zone de traitement, grâce à des boîtes de pétri posées au sol ; la dérive aérienne, via des fils suspendus jusqu’à 6 m de hauteur ; enfin, nous avons disposé des mannequins aux alentours pour simuler des riverains. »
Quatre types de buses ont été testés : buses standard, buses homologuées à 66 %, 75 % et 90 % de réduction de dérive. Les analyses sont encore en cours. Elles pourraient, à terme, influencer la modulation de la largeur des ZNT pour les grandes cultures dans la réglementation, « et pourquoi pas les ZNT intégrées aux AMM des produits », glisse Benjamin Perriot.
Une enquête sur les haies, en tant que barrière physique
Un deuxième axe de travail concerne l'évaluation des barrières physiques entre les parcelles et les habitations, en particulier les haies. Pour aider les porteurs du projet à choisir les types de haies à « tester » dans le cadre d’une modélisation, une enquête a été lancée, début juillet, auprès des agriculteurs, pour caractériser la structure et la composition des haies fréquentes au sein des exploitations. Ces tests devraient être similaires à ceux qui ont été réalisés jusqu’à présent, même si les instituts techniques se laissent la possibilité de les faire évoluer. « Déterminer les protocoles les plus pertinents, c’est un axe à part entière du projet ! précise Benjamin Perriot. Vu le calendrier serré du projet, nous devons être agiles, et laisser les axes de travail s’enrichir mutuellement. »
Le dernier objectif de Capriv est davantage tourné sur la modélisation et les approches « bibliographiques », et vise à apporter des éclairages sur l’exposition des riverains aux pesticides via la présence résiduelle de pesticides dans l’atmosphère.