Pesticides, l’Université de Bordeaux teste des techniques de décontaminations des sols
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Est-il possible de décontaminer des sols pollués par des pesticides organochlorés ? C’est l’objet de la thèse de Félix Colin à l’Université de Bordeaux 3. Ses résultats pourraient être élargis à d’autres contaminants.
Certains sols sont contaminés par des pesticides organochlorés, du fait de leur persistance d’action. Leur utilisation est en effet limitée ou interdite depuis plusieurs dizaines d’années. En 2016, des traces de dieldrine et chlordanes, deux organochlorés interdits en agriculture depuis plus de quarante ans, ont ainsi été retrouvées dans des courgettes. « La contamination de ces sols empêche la culture de cucurbitacées et la commercialisation de certains fruits qui dépassent les LMR », a expliqué Félix Colin, à l’occasion du 50e congrès du Groupe français de recherche sur les pesticides, GFP, qui se tenait du 18 au 20 mai à Namur en Belgique.
Deux techniques aux résultats prometteurs
Il a réalisé une thèse à l’université de Bordeaux 3 où il a testé quatre techniques de décontamination des sols par la dieldrine : la dégradation avec le fer zéro-valent, l’immobilisation par des charbons actifs, le traitement thermique, et l’extraction au CO2 supercritique. Si les deux premiers n’ont pas donné de résultats satisfaisants, les deux autres sont plus prometteurs. Le traitement thermique a permis de réduire de moitié la présence de la substance en 24 heures à 70 °C, et de 85 % en montant la température à 90 °C. L’extraction au CO2 supercritique s’est également montrée efficace avec une baisse de la concentration en dieldrine de 85 % en quatre heures.
Les chercheurs ont ensuite cherché à mesurer l’impact de ces procédés sur le pH et la matière organique des sols. Si le traitement thermique semble inoffensif, le deuxième à toutefois provoqué une légère baisse de pH, de 0,4 unité.
Analyser l’impact sur les sols
Des études restent encore à mener les conséquences agronomiques et sur la qualité des sols de ces techniques. « Nous voulons également essayer de mieux comprendre les mécanismes de fonctionnement de ces deux solutions », ajoute Félix Colin. Les chercheurs vont également s’assurer que cette diminution de la concentration en organochlorés dans les sols est suffisante pour permettre la culture de cucurbitacées et de fruits. Les méthodes devront être validées sur le terrain. « Nous avons déjà des pistes de dispositif pour réaliser cette décontamination in situ », indique-t-il.
S’il se concentre sur la dieldrine, ce travail pourrait ouvrir des pistes pour la décontamination plus large des sols.