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Phloème, le travail du sol reste indispensable pour se passer du glyphosate en grandes cultures

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Pour gérer les adventices en grandes cultures sans avoir recours au glyphosate, le travail du sol, associé à d’autres leviers, reste inévitable. C’est ce qu’a expliqué Jérôme Labreuche, ingénieur chez Arvalis, le 3 novembre lors de l’évènement Phloème. Il présentait les premières conclusions d’un projet de recherche dédié, Agate GC.

Rachel Rama, responsable chez Bayer, précise les modalités de conception et d’action de l’herbicide  - © D.R.
Rachel Rama, responsable chez Bayer, précise les modalités de conception et d’action de l’herbicide - © D.R.

Recenser, tester et évaluer les alternatives au glyphosate en grandes cultures, c’est l’objet du projet de recherche Agate GC, porté par l’Acta en partenariat avec Arvalis, Terres Inovia et l’ITB. « Nous nous sommes surtout focalisés sur le travail du sol superficiel, sans lequel il n’existe pas de leviers crédibles », explique Jérôme Labreuche, ingénieur travail du sol chez Arvalis. Il intervenait, le 3 novembre lors de l’évènement Phloème, pour présenter les conclusions de ces travaux initiés en 2019. 465 données issues de 55 essais menés par Arvalis et Terres Inovia ont été analysées dans ce cadre.

Détermination de conditions favorables

L’étude de ce jeu de données montre que de nombreux leviers comme l’humidité du sol, le type d’outil de travail du sol, les types d’adventices ou leurs interactions avec la météo, peuvent jouer un rôle déterminant dans la gestion des adventices via le travail du sol superficiel. « Un sol sec, non dur et le recours à un outil animé composent les conditions favorables, précise Jérôme Labreuche. Au contraire, les conditions sont défavorables en cas de sol semi-plastique et l’utilisation d’un outil non-animé. » Le chercheur insiste néanmoins sur les différents paramètres à conjuguer sur l’exploitation : «  La gestion des adventices n’est qu’un objectif parmi d’autres pour les agriculteurs. Pour semer du colza, le lit de semences ne doit pas être trop asséché par exemple. »

Différence de sensibilités selon les espèces

Certaines espèces affichent néanmoins des sensibilités différentes au travail du sol. Les dicotylédones, aux stades jeune plantule, floraison ou grenaison, y sont particulièrement sensibles, un seul passage suffit. Au contraire, les graminées ou les trèfles, du stade plantule à plante adulte, beaucoup moins. « L’efficacité du travail du sol superficiel, en l’absence de labour, est globalement très bonne sur les adventices annuelles type dicotylédones, quel que soit leur stade, résume le compte-rendu des travaux. Elle reste satisfaisante sur les jeunes plantules de graminées annuelles jusqu’au stade 2-3 feuilles. En revanche, de début tallage au stade montaison, les graminées se révèlent plus complexes à détruire, avec une forte dépendance aux conditions climatiques et au type d’outil de travail du sol utilisé. »

Miser sur la prospective

Pour aller plus loin sur ce sujet, la destruction de ces graminées tallées par un travail du sol superficiel a été modélisée, ouvrant la perspective d’une approche davantage prospective. Un graphique des jours disponibles pour cette destruction a ainsi été présenté. Une modélisation qui pourra être mobilisée dans « la conception de systèmes de culture moins dépendants de l’usage du glyphosate, en évaluant au cas par cas l’efficacité et la faisabilité des différentes alternatives et en apprenant à les combiner entre elles », souligne le compte-rendu.

Jérôme Labreuche insiste, dans ce sens, sur la combinaison de paramètres à déployer sur la parcelle : l’évitement via le recours à des couverts gélifs, plus faciles à détruire, ou la gestion des repousses en alternant cultures graminées et dicotylédones ; l’atténuation grâce au précédent cultural, des intercultures très courtes ou le faible bouleversement du sol lors du semis des couverts ; le préventif, via la gestion du désherbage dans la rotation.

Vigilance sur l’ACS

Des impasses subsistent néanmoins dans les zones où le travail du sol est complexe à mettre en place ou quand le sol est très humide. « Les solutions sans travail du sol sont d’une efficacité très partielle sur graminées notamment, ce qui rend l’agriculture de conservation des sols très dépendante du l’usage du glyphosate, indique encore le compte rendu des travaux. (…) Avec les connaissances actuelles, il ne semble pas réaliste de faire de l’ACS au sens strict à grande échelle en se passant de glyphosate. »