Plan de sortie du phosmet, les projets dans la dernière ligne droite

Ils sont huit. Huit projets pour identifier et déployer des alternatives au phosmet, un insecticide retiré du marché français depuis fin 2021. À l’époque, le retrait est anticipé par la filière colza et le ministère de l’Agriculture et voit le lancement, en mai 2022, du plan de sortie du phosmet. De ce plan, animé par Terres Inovia et Inrae, découle un premier appel à projets la même année, puis un second en 2023. C’est ainsi que huit stratégies de gestion des ravageurs d’automne du colza émergent, portées par une vingtaine d’acteurs de la recherche publique et privée. Leurs ambassadeurs se sont retrouvés, fin novembre 2023, pour faire un bilan de leur avancement.

Des projets portés sur les biocontrôles

Parmi ces projets, plusieurs « visent à développer des produits de biocontrôle, notamment Nap-Guard, Velco-A, Ctrl-Alt et Colzactise », rapporte Laurine Brillault, animatrice du plan de sortie du phosmet pour Terres-Inovia. Le second cité, commencé en septembre 2022, ambitionne ainsi d’évaluer les conditions de croissance et de colonisation d’une souche de champignon entomopathogène. Le dernier, de son côté, souhaite identifier des extraits de brassicacées aux propriétés dissuasives sur la grosse altise du colza. « Les produits travaillés dans ces projets sont en test depuis 2023 dans les réseaux internes de Terres Inovia, indique Laurine Brillault. L’idée est de tester ces produits sur le terrain pour évaluer leur efficacité et leurs conditions d’application ».

Le projet Resalt, lui aussi dans sa deuxième année, regroupe pas moins de dix obtenteurs (1), en plus d’Inrae, Innolea et Terres Inovia. « La première année a permis d’optimiser les méthodes d’évaluation des variétés sur leurs comportements vis-à-vis des insectes d’automne, notamment les grosses altises, relate l’animatrice. Aujourd’hui, nous entrons dans la phase de test d’un nombre important de génotypes élites de colza et de ses espèces parentales, ce qui donne de bonnes perspectives pour identifier de sources de résistances à l’altise ». 

Terres Inovia est à la manœuvre d’un autre dispositif, Adaptacol², visant à accélérer la prise en main des leviers agronomiques et à intégrer massifier l’évaluation sur le terrain de nouvelles solutions. Cet accompagnement se concrétise par l’organisation de rendez-vous réguliers au sein de comités régionaux, et l’acquisition de références à différentes échelles (essais, réseaux de parcelles, territoires). De nombreuses thématiques sont travaillées, comme l’utilisation d’intercultures-pièges pour détourner les altises des parcelles de colza.

Un dernier appel à projet

Porté par Inrae depuis son lancement en septembre 2022, le projet AltisOR porte quant à lui l’objectif d’une meilleure connaissance des altises pour « accélérer l’identification de composés actifs sur leur comportement, qu’ils soient attractifs, répulsifs, etc. ». Parmi les réalisations de cette année, le séquençage du transcriptome chimiosensoriel de l’altise : « Cela représente une ressource pour la recherche publique et privée, afin d’identifier demain plus facilement des molécules qui pourraient être utilisées dans des produits de biocontrôle », souligne Laurine Brillault. 

Un nouvel appel à projets du plan de sortie du phosmet (qui doit s’achever en 2025), vient d’être lancé, le 19 février 2024. « L’idée est de soutenir le développement de leviers en parallèle afin de pouvoir les combiner pour que les stratégies de gestion des ravageurs soient les plus efficaces et accessibles possibles pour les agriculteurs tout en répondant au besoin de préservation de l’environnement », soutient l’animatrice.

(1) BASF, Bayer, Corteva, DSV, KWS, Lidea, Limagrain, Mas Seeds, NPZ, Ragt