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Des organisations paysannes publient un recueil d’expériences en ligne sur les PNPP

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Dans le cadre du plan Ecophyto, six organisations dont la Confédération paysanne et la Fnab ont été missionnées pour récolter les retours d’expériences d’agriculteurs adeptes des préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP). Après cinq ans de travail, le programme vient d’aboutir à la création d’un site, où sont répertoriés recherches scientifiques et témoignages de cultivateurs. Mais une coupe budgétaire pourrait marquer un arrêt dans le développement du projet.

Le site PNPP est issu de la collaboration de six organisations paysannes. - © D.R.
Le site PNPP est issu de la collaboration de six organisations paysannes. - © D.R.

C’est le fruit d’un long travail qui vient d’aboutir. Depuis 2018, six organisations paysannes (Confédération paysanne, Aspro-PNPP, AVSF, Grab-Avignon, FNAB et Trame) s’attellent à recueillir les témoignages et savoir-faire d’agriculteurs coutumiers des préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP), ainsi qu’à réaliser un état des lieux bibliographique sur le sujet. L’objectif du recueil REPNPP (pour « Recensement et échanges de pratiques PNPP »), intégré dans le programme Ecophyto, est clair : généraliser l’usage des PNPP par l’échange, le partage et la diffusion des pratiques.

Un recueil fondé sur des données pratiques et théoriques

Le résultat est d’ores et déjà visible sur un site Internet sobrement intitulé PNPP. Les données présentées s’appuient sur deux types de documentation : d’un côté, une bibliographie rendant compte des recherches scientifiques établies depuis le début du siècle ; d’un autre, les savoirs de terrain, basés sur les témoignages des utilisateurs de PNPP. « Ce sont des choses très concrètes, qui vont permettre aux agriculteurs de s’inspirer », se félicite Christine Riba, porte-parole de la Confédération paysanne, lors de la présentation du site, le 5 janvier 2024. Dans chaque témoignage, les intervenants rendent ainsi compte du contexte pédoclimatique et sanitaire de leur exploitation, de leurs contraintes éventuelles, de leur choix de PNPP.

Le site permet de faire des simulations via des entrées « maladies » et « productions ». Une appréciation informe le lecteur du rendu de l’expérimentation, de « défavorable » (dans le cas où « la modalité testée augmente la sévérité d’attaque d’au moins 5 % par rapport au témoin ») à « favorable » (diminution de la sévérité au-delà de 5 %). « Cela permet de savoir si ce qu’on a envie de faire correspond à ce qui a déjà été fait, et si cela vaut le coup de reproduire cette préparation », se réjouit Sophie Joy-Ondet, coordinatrice du Groupe de recherche en agriculture biologique (Grab). L’idée de ce partage de connaissances, au-delà de l’usage de telle PNPP, est la construction d’un « système » accompagnant les agriculteurs sur du « long terme » et du « global », pour reprendre les termes de Christine Riba.

Un rôle à jouer dans la reconnaissance des PNPP

Pour le reste, le site se pare d’un volet réglementaire, où est précisé « ce qui est autorisé ou non », indique Suzie Guichard, coordinatrice pour la Confédération paysanne. En outre, il reprend les étapes du combat politique pour la reconnaissance des PNPP, depuis la première ouverture législative de décembre 2006 jusqu’à l’autorisation, en juin 2021, de toutes les plantes consommées dans l’alimentation humaine et animale. L’évolution, avec près de deux décennies de recul, apparaît globalement positive, même si bien du chemin reste à parcourir, assure Suzie Guichard : « On est encore loin du compte… ». Elle prend l’exemple des huiles essentielles qui ne peuvent être reconnues comme des PNPP si elles ont été préalablement autorisées en tant que pesticides.

Bientôt la fin du REPNPP ?

Financé dans le cadre du plan Ecophyto II, le REPNPP n’aurait pas vu son budget renouvelé pour les trois années à venir, alors qu’entre « 300 et 400 000 € » avaient été demandés par les organisations paysannes. « Ce financement nous a été refusé par la DGAL, qui préfère financer le privé et les biostimulants, regrette, amer, Jean-François Lyphout, maraîcher et horticulteur en Dordogne. On est en train de nous piquer nos savoirs », poursuit-il, craignant que des brevets déposés ne viennent compliquer la commercialisation de PNPP. Et mise, circonstance oblige, sur le site Internet pour permettre à un « maximum de gens de monter au créneau ».