Référence agro

Pour ses vingt ans, le Gis Sol appelle à progresser sur la biodiversité

Le | Recherche-developpement

Le 6 décembre, le groupement d’intérêt scientifique sur les sols, Gis Sol, a fêté ses 20 ans. L’occasion de revenir sur un outil d’appui aux politiques publiques que l’Europe nous envie, et sur le chemin restant à parcourir pour obtenir un monitoring précis des différentes composantes de la qualité d’un sol.

Crédit : Gis Sol - © D.R.
Crédit : Gis Sol - © D.R.

« Des données de qualité comme en fournit le Gis Sol, on n’en retrouve nulle part ailleurs ; mais elles ne sont pas suffisamment accessibles. » Ces propos de Bertrand Guenet, chercheur au laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, résume en quelque sorte le constat dressé le 6 décembre, à l’occasion des vingt ans du Groupement d’intérêt scientifique (Gis) sur les sols. Face aux enjeux environnementaux, et au besoin d’appui aux politiques publiques, le groupement a profité de son anniversaire pour faire le point sur les attentes.

Le Gis Sol, un suivi des sols unique en Europe

Qu’il s’agisse de pédologie, de biodiversité ou de stockage de carbone, les données du Gis Sol sont incontournables, notamment grâce à la puissance de son réseau de mesure de la qualité des sols (RMQS). « C’est la première base de données de l’Europe, explique Luca Montanarella du Joint Research Center (JRC) de la Commission européenne. La France est un exemple dans l’Union européenne pour le suivi des sols. » Dans la lignée du Green Deal, l’UE a présenté le 17 novembre sa stratégie pour des sols sains, qui nécessite un suivi à long terme de la qualité des sols.  La Commission européenne y appelle à s’inspirer des travaux du Gis Sol, pour permettre aux agriculteurs d’analyser leurs sols gratuitement.

« Le compartiment sol reste encore méconnu »

Malgré l’édition d’un atlas français des bactéries du sol, les marges de progrès sont importantes sur l’évaluation de la biodiversité. « Nous avons aujourd’hui des valeurs nationales de référence qui montrent une grande richesse et importance fonctionnelle, mais le compartiment sol reste encore méconnu, analyse Antoine Levêque de l’Office français pour la biodiversité (OFB). Une cartographie des habitats favorables à certaines espèces d’intérêt pour la conservation et la réintroduction permettrait par exemple d’orienter les politiques publiques. » L’idée serait donc d’adosser au RMQS de nouveaux suivis de biodiversité. « Le RMQS pourrait tout à fait entrer dans le volet “sol” du plan de surveillance national de la biodiversité que nous sommes chargés de mener », conclut-il.

De plus en plus d’intérêt pour les sols urbains et péri-urbains

En menant une enquête auprès des producteurs et utilisateurs de données, le Gis Sol a constaté que les besoins des opérateurs se situaient à 99 % sur des données géolocalisées, à 79 % sur des données traitées et à 75 % sur des indicateurs. Les sujets les plus recherchés sont la production agricole, la question des eaux, la pollution et la caractérisation des sols, le stockage de carbone et l’adaptation au changement climatique. Axé principalement sur les sols agricoles, l’intérêt des utilisateurs progresse sur les sols urbains et péri-urbains.