Protoxyde d’azote : des marges de progrès avec le pilotage de la fertilisation
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Mieux piloter la fertilisation azotée en révisant notamment les objectifs de rendement, en généralisant cette pratique sur la totalité de la sole en grande cultures mais aussi mettre en œuvre le bilan azoté, améliorer l’efficacité des engrais en jouant sur la date d’apport, augmenter les surfaces en légumineuses : telles sont les recommandations essentielles de Sylvie Recous, chercheur à l’Inra de Reims, pour réduire l’impact de la fertilisation sur l’environnement, et plus précisément les émissions de protoxyde d’azote. Lors du colloque* organisé par l’Inra à Grignon le 4 juin, sur le rôle de l’agriculture pour lutter contre le changement climatique, elle a insisté sur ce levier efficace et sans coût pour l’agriculteur, identifié dans le cadre de l’étude conduite par Sylvain Pellerin de l’Inra de Bordeaux et exposée en juin 2013. (voir l’article : Dix mesures identifiées en agriculture pour réduire les GES). Le pilotage de la fertilisation sur l’ensemble des hectares diminuerait les apports de 13 kg d’azote par ha sur un potentiel de 1,27 Mha. « Peu de données sont disponibles, mais si l’on se réfère à l’étude réalisée par InVivo en 2006, seulement 7 % des ha utilisent l’OAD épiclès ». Elle note aussi que nombre d’agriculteurs veulent atteindre un objectif de rendement souvent bien en dessus du potentiel de leur culture. Elle appelle à plus de réalisme ce qui permettrait d’optimiser les doses d’azote et in fine de réduire les apports. Elle note un nécessaire changement dans les systèmes sociotechniques de la part des acteurs concernés. « Il faudrait par exemple développer la part des légumineuses dans la rotation mais cela suppose une meilleure valorisation économique. » Quant au dilemme engrais organique ou engrais minéral ? Pour la scientifique, ces deux modes de fertilisation ne s’opposent pas. L’engrais minéral s’inscrit en complément, il faut toutefois mieux mesurer les apports d’azote liés aux amendements organiques et diminuer les pertes par volatilisation de l’ammoniac pendant l’épandage des effluents (utilisation de pendillards). Si la fertilisation a permis de multiplier par deux la population mondiale, elle a aussi créé le phénomène de « cascade de l’azote » en doublant au niveau mondial le taux d’azote réactif, provoquant ainsi des interactions avec les milieux naturels. * dans le cadre des carrefours de l’innovation agronomique