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Smartbiocontrol mise sur les lipopeptides

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Après quatre ans de travail impliquant une centaine de chercheurs de Flandres, de Wallonie et de France, le projet transfrontalier Smartbiocontrol a fait le point sur ses découvertes de nouveaux biopesticides. Un brevet est déjà déposé et de nombreuses investigations se révèlent prometteuses.  

Smartbiocontrol mise sur les lipopeptides
Smartbiocontrol mise sur les lipopeptides

Découvrir de nouveaux composés de biocontrôle prometteurs, développer leur production à l’échelle industrielle, évaluer leur efficacité en conditions agronomiques et assurer leur suivi aux champs. Tels sont les quatre objectifs que s’était fixé le projet Interreg Smartbiocontrol à son lancement en 2016. Durant quatre années, 24 partenaires issus de structures différentes (centres de recherche, universités, associations d’agriculteurs…) de Flandres, de Wallonie et de France, ont travaillé ensemble et les résultats se révèlent prometteurs.

Lipopeptides de Bacillus : brevet déposé

« Près d’une centaine de chercheurs ont été impliqués dans ce projet, précise Philippe Jacques, professeur en microbiologie à Gembloux Agro-Bio Tech Université de Liège et coordinateur du projet, lors d’une e-conférence de presse le 10 décembre 2020. Nous pouvons désormais conclure que les lipopeptides peuvent se substituer aux pesticides chimiques. Et ce, avec une efficacité comparable à celle des produits phytosanitaires de synthèse, une faible toxicité, une biodégradabilité élevée et des coûts de production industrielle que l’on s’attache à réduire. »

Le projet a notamment travaillé sur certaines bactéries du genre Bacillus, qui vivent naturellement en association avec les plantes, et qui produisent des lipopeptides. Ces derniers présentent deux propriétés clés pour le biocontrôle : ils inhibent la croissance des champignons pathogènes et agissent en tant que stimulateurs de l’immunité des plantes.

Les essais ont montré que les lipopeptides développés dans le cadre du projet ont un grand potentiel en tant que biofongicides. Et ce, sur laitue contre le botrytis, sur blé contre la septoriose, sur pommier contre la tavelure,…

Un brevet a été déposé et la mise en marché d’un produit de biocontrôle dans l’UE est espérée d’ici à cinq ans. Un biostimulant devrait être disponible avant.

Des recherches encourageantes

« Nous avons également travaillé sur de nouvelles molécules prometteuses, reprend Philippe Jacques. Ainsi, les bactéries Pseudomonas se révèlent être une nouvelle source de lipopeptides intéressante pour un usage en biocontrôle. Les données obtenues au cours du projet sur les rhamnolipides, sécrétés par des bactéries du genre Pseudomonas ou Burkholderia, sont encourageantes. Enfin, la combinaison mycorhizes-polysaccharides représente une autre approche innovante à approfondir. »

Un capteur pour identifier les agents pathogènes au champ

Détecter rapidement les pathogènes au champ faisait partie des objectifs de départ du projet. Un outil de détection a été développé. Il se présente sous la forme d’une valisette et sera à terme autonome et transportable sur n’importe quel site pour détecter la présence de champignons ou bactéries pathogènes de manière précoce et pour l’identifier précisément, avant l’apparition de symptômes. Un premier prototype permet de détecter le champignon Zymoseptoria tritici, responsable de la septoriose du blé. L’outil a également vocation à vérifier la dispersion correcte au champ d’un agent de biocontrôle.

Enfin, conscientes que le manque d’information est un frein au déploiement des produits de biocontrôle, les équipes du projet Smartbiocontrol ont travaillé le sujet. Elles ont élaboré une quinzaine de fiches techniques sur des biofongicides actuels destinés à lutter contre les principales maladies fongiques de la pomme, de la laitue, de la carotte, de la fraise et du blé. Établies pour aider les agriculteurs à appliquer les spécialités de manière optimale, les fiches seront bientôt mises en ligne.