Solagro et l’Inrae développent un outil de calcul des émissions de GES des unités de méthanisation
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Solagro et Inrae Transfert ont mis au point un outil pour calculer les émissions de gaz à effet de serre des unités de production de biométhane. Une évaluation qui sera nécessaire dans le cadre de la transposition de la directive européenne sur les énergies renouvelables. L’outil a été présenté aux ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique.
Selon la directive européenne sur les énergies renouvelables « RED II », ces dernières devront représenter 32 % de la consommation finale brute d’énergie dans l’UE en 2030. Un effort qui devra s’accompagner d’une réduction des émissions de GES pour les installations de production de bioénergies. Alors que cette directive doit être transposée dans le droit français d’ici au 30 juin 2021, Solagro et Inrae Transfert ont développé un outil, dans le cadre de travaux financés par GRDF, pour calculer les émissions de GES des sites de production de biométhane. « La certification sera obligatoire pour les unités produisant plus de 19,5 GWh PCS/an, explique Sylvaine Berger, directrice adjointe de Solagro et responsable de l’activité bioéconomie. Les acteurs de la filière doivent être en mesure de certifier les sites et donc de proposer un outil à cette fin. » En effet, sans cette certification assurant le respect des conditions de la directive européenne, les unités injectant plus de 19,5 GWh PCS/an de biométhane ne pourront être comptabilisées comme productrices d’énergies renouvelables. Or, les sites de cette capacité représenteraient plus de 70 % des quantités qui pourraient être produites d’ici à 2025.
Être au plus près de chaque projet
Concrètement, l’outil se présente sous la forme d’un fichier Excel, permettant de calculer le bilan GES de chaque étape du processus de méthanisation, selon une perspective d’analyse du cycle de vie (ACV) : extraction ou culture des matières premières, transport jusqu’au digesteur, modifications des stocks de carbone dues à des changements d’affectation des sols, distribution du biométhane, combustion, etc.
« L’outil recense les différentes étapes pour lesquelles les émissions doivent être prises en compte, indique Antoine Esnouf, expert ACV à Inrae Transfert. De nombreux paramètres ont été modélisés pour chacune de ces étapes pour être le plus précis possible. » Avec cet outil, l’objectif est en effet d’être au plus près des spécificités de la filière française en ayant un cadre moins général que celui de la directive européenne. « Les utilisateurs pourront choisir les intrants qu’ils utilisent parmi un large choix, les systèmes de stockage du digestat auxquels ils ont recours, afin d’avoir une quantification de leurs émissions GES la plus proche de la réalité de leur projet », précise Sylvaine Berger.
Un groupe de travail associant toute la filière
Si l’objectif de l’outil est avant tout de répondre à la réglementation européenne, les travaux ont amorcé les réflexions. « Les travaux ont permis de faire prendre conscience à la filière quelles étapes étaient les plus émettrices et d’engager des débats sur la manière de les optimiser, notamment en ce qui concerne le stockage des digestats », rappelle Sylvaine Berger. De nombreux acteurs de la filière étaient en effet associés à la démarche, dans le cadre d’un groupe de travail et de consultations regroupant des institutions (Direction générale de l’énergie et du climat, ministère de l’Agriculture, Ademe), des parties prenantes agricoles (l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France, AGPM/AGPB) et énergétiques (l’Association technique énergie environnement - Club biogaz, AFG, GRTgaz), mais aussi des acteurs du GNL (gaz naturel liquéfié). Un mois de consultation organisé en octobre a permis de toucher un spectre d’acteurs plus larges, notamment des coopératives agricoles et des instituts techniques agricoles.
Présentation à la DGEC et au ministère de l’Agriculture
Les travaux, débutés en janvier 2020, sont désormais terminés et l’outil a été présenté aux services du ministère de la Transition Ecologique et du ministère de l’Agriculture. « Nous espérons que les ministères vont s’en emparer, indique Sylvaine Berger, et que cet outil puisse servir à la filière et être proposé dans le cadre de l’application de la Directive européenne. »