« Stimuler les synergies dans un objectif de programmation de la recherche », Thierry Doré, directeur de l’agence de programme Agriculture et alimentation durables
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Emmanuel Macron a confié, en décembre 2023, une nouvelle mission de pilotage à sept grands organismes de recherche. Dans ce cadre, Inrae anime, depuis le début de l’année, l’agence de programme nationale Agriculture et alimentation durables, forêts et ressources naturelles associées. Des propositions de programmes de recherche, aux orientations nouvelles, doivent être faites au ministère chargé de la recherche d’ici à l’été. Explications avec Thierry Doré, ancien vice-président « recherche et valorisation » de l’Université Paris Saclay, mandaté au sein de l’institut pour piloter l’agence.
Référence agro : Inrae pilote depuis le début de l’année l’Agence de programme nationale « Agriculture et alimentation durables, forêts et ressources naturelles associées ». Quelle est la mission de cette nouvelle entité ?
Thierry Doré : La volonté de l’Etat est d’accroître les synergies de recherche sur un périmètre donné. C’est ce qui est ressorti du discours d’Emmanuel Macron, en décembre 2023, sur l’avenir de la recherche française, et qui s’est concrétisé par la mise en place de 7 agences de programme par le ministère en charge de la recherche (voir bas de l’article). Ainsi, en ce qui concerne celle pilotée par Inrae, de nombreux organismes sont associés, comme le Cirad, l’IRD, le BRGM, des établissements d’enseignement supérieur, l’Anses, etc. Bien que ces institutions aient leurs missions de recherche propres, elles n’opèrent pas totalement de manière séparée car elles se connaissent bien. Mais leur coordination pourrait être renforcée. L’objectif est d’aller vers une amélioration de la programmation de la recherche, en faisant en sorte que les opérateurs discutent davantage. Cela doit permettre de déboucher sur de nouvelles orientations de recherche, qui soient raisonnées de manière collective.
Référence agro : A quoi ont été dédiés les premiers mois d’existence de l’agence ?
Thierry Doré : Nous avons d’abord dû mettre en place la gouvernance de l’Agence. Une première réunion du comité des partenaires, qui compte une grosse vingtaine d’institutions, a été organisée en février pour discuter des missions et du fonctionnement de l’agence, dont la création du comité scientifique opérationnel. Celui-ci doit se réunir pour la première fois au cours du mois d’avril. Il aura la tâche d’examiner les propositions que nous a demandé de faire le ministère avant l’été, sur des sujets comme l’eau, la biomasse, les sols, l’alimentation, etc. Nous nous mettons en ordre de marche pour tenir ce calendrier. L’Etat examinera ensuite l’opportunité de chacune de ces propositions, dont nous devons démontrer le caractère ambitieux et original. Si celles-ci sont retenues, et financées, les programmes en découlant pourraient démarrer dès 2025.
Référence agro : Sur quels sujets porteront les propositions de l’Agence ?
Thierry Doré : L’objectif du premier comité scientifique sera de repartir des attentes identifiées par les opérateurs et de les mettre en regard des programmes existants pour voir ce qui manque. Nous savons que le calibre attendu par l’Etat est similaire à celui des PEPR, donc l’unité de base de financement de ces programmes serait la dizaine de millions d’euros, ce qui implique des enjeux assez généraux. Pour l’agriculture, les sujets de l’énergie ou de l’adaptation au changement climatique seront centraux, tout comme la transformation des systèmes alimentaires.
Nous n’avons cependant pas encore d’enveloppe précise allouée aux programmes, et le nombre de ces derniers n’a pas encore été arrêté.
A noter, enfin, que bien qu’Inrae ait été chargé de piloter cette agence, son fonctionnement d’opérateur de recherche n’est pas modifié. L’agence constitue une mission supplémentaire de l’institut, avec l’ambition générale de réussir à mieux faire travailler de concert un ensemble de partenaires dans un objectif de programmation.