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Syppre, de bons résultats sur l’environnement, moins sur l’économie

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L’action Syppre, menée par Arvalis, l’ITB et Terres Inovia en est à la moitié de son programme. Lancée en 2015 pour dix ans, elle ambitionne de développer des systèmes de culture en rupture avec les systèmes classiques dans cinq régions, favorisant les performances environnementales tout en étant productifs et économiquement viables. Les premiers résultats ont été présentés le 8 décembre.

La plateforme du Bearn est une des cinq plateformes de l’action Syppre - © D.R.
La plateforme du Bearn est une des cinq plateformes de l’action Syppre - © D.R.

Alors que le programme Syppre arrive mi-parcours, Arvalis, l’Institut technique de la betterave et Terres Inovia en ont profité pour dresser un premier bilan des actions réalisées au cours d’une conférence en ligne le 8 décembre. L’enjeu de Syppre est d’inventer des systèmes de culture innovants adaptés à des contextes régionaux, en rupture avec les systèmes classiques, misant sur les leviers de l’agroécologie et la protection intégrée des cultures. Des essais ont été mis en place sur un pas de temps de dix ans, dans cinq régions aux contextes pédo-climatiques différents, au plus près des conditions de l’agriculteur. Les chercheurs se basent sur neuf indicateurs pour atteindre une triple performance : être productifs, rentables, et répondre aux enjeux environnementaux.

Des résultats mitigés

A l’aube de la cinquième année de campagne, les indicateurs environnementaux sont globalement au vert. Quatre essais sur les cinq ont atteint les objectifs de réduction de 20 % d’apports en azote et d’émissions de GES. Celui de réduire de moitié les IFT pose encore quelques problèmes. Trois systèmes ont même augmenté cet indice. En cause, la multiplication des couverts et le non-recours au labour, qui engendrent une augmentation des traitements herbicides.

C’est surtout le volet économique qui présente des difficultés. Les cinq systèmes étudiés ont diminué leurs marges directes par rapport aux témoins. Plusieurs facteurs viennent expliquer ces résultats. La diversité dans les rotations proposées entraîne une diminution des cultures historiques, ce qui affaiblit la rentabilité globale des systèmes. « Les instituts ont également pris des risques techniques et ont parfois mis en place des stratégies qui s’avèrent non satisfaisantes », précise Clotilde Toqué, cheffe du pôle système de culture innovants à Arvalis.

Les neuf indicateurs et leurs objectifs :

Environnement :

  • Apport d’azote minéral : -20 %
  • IFT : -50 %
  • Emission de GES : -20 %
  • Stock de matière organique : supérieur ou égal
  • Consommation d’énergie : -20 %

Rentabilité :

  • Marge directe à l’hectare : supérieure ou égale
  • EBE par UTH : supérieur ou égal

Productivité :

  • Production d’énergie : supérieure ou égale
  • Efficience énergétique : supérieure ou égale

Introduction du « zéro glyphosate »

Dès 2018, les trois instituts ont souhaité que l’action Syppre s’engage dans la recherche d’alternatives à l’usage du glyphosate, avec en ligne de mire l’arrêt complet de son utilisation. Les stratégies et itinéraires techniques ont été profondément modifiés, avec plus ou moins de succès. « Le glyphosate a du être utilisé en dernier recours à plusieurs reprises dans des systèmes sans labour », explique Gilles Sauzet, ingénieur développement chez Terres Inovia. Malgré des résultats en demi-teinte, les chercheurs considèrent qu’ils leur permettront de faire évoluer leurs systèmes et espèrent ainsi atteindre les objectifs fixés pour chaque indicateur en 2025.