ZNT riverains, la distance prônée par les ONG représente 29 % de la SAU
Le | Recherche-developpement
Dans une étude, datée du 6 décembre 2022, des chercheurs d’Inrae et d’AgroParisTech ont recoupé des données parcellaires pour évaluer les surfaces concernées par différentes distances de ZNT riverains, de 10 à 150 mètres. Dans ce dernier cas, souhaité par des ONG environnementales, c’est 29 % de la SAU française qui seraient concernés.
C’est l’un des enjeux de l’épineux et long feuilleton des ZNT riverains : pour les parcelles situées proches d’habitations, le respect d’une zone sans application de pesticide revient à ne pas protéger une partie des surfaces agricoles contre les ravageurs. Les acteurs du secteur mettent régulièrement en avant le risque de voir ces surfaces devenir moins ou pas productives. L’estimation chiffrée de ce risque est au cœur d'une étude de l’unité mixte de recherche Agronomie, portée par AgroParisTech et Inrae, publiée le 6 décembre 2022 dans la revue Building and Environment.
21 % de la SAU actuellement traitée concernée par la ZNT riverains à 150 mètres
Deux bases de données décrivant l’organisation spatiale des cultures et la localisation des habitations sur l’ensemble du territoire français ont été croisées (1). La superficie agricole des terres situées à 10 mètres, 50 mètres, 100 mètres et 150 mètres de bâtiments résidentiels a ainsi été calculée. Cette dernière distance a été retenue pour correspondre aux souhaits exprimés par différentes ONG environnementales.
Verdict ? La part de la SAU française concernée s’établit respectivement à 0,2 %, 5 %, 16 % et 29 %. Toutes ces surfaces ne sont toutefois pas forcément traitées, notamment les prairies. L’étude établit que la part de SAU française pour laquelle une ZNT implique de renoncer à la protection des cultures se situe plutôt entre 1 % (ZNT de 10 mètres) et 21 % (ZNT de 150 mètres).
Vignes et vergers en première ligne
Des chiffres globaux qui peuvent varier selon le type de culture, 23 d’entre elles ayant été prises en compte. « Les prairies sont le principal type de culture que l’on retrouve à proximité des habitations, suivies par les céréales (blé, maïs, orge), puis le colza et les vignes », précise ainsi AgroParisTech sur son site internet. Mais la topographie des parcelles (forme, taille, imbrication dans des zones résidentielles, etc) n’est pas homogène d’une culture à l’autre.
Dans les faits, les chercheurs estiment que 32 à 45 % des vignes et 37 à 53 % des vergers sont situés à moins de 150 m d’une habitation, quand ce chiffre tombe à 20 % pour les céréales. Les vignes et vergers étant parmi les cultures les plus traitées, l’importance des ZNT est d’autant plus prégnante pour ces filières.
(1) Il s’agit du registre parcellaire graphique qui fournit chaque année une cartographie des parcelles cultivées en France, et Topo, qui indique la localisation des bâtiments à usage résidentiel.