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Dérogation pour les jachères, les effets de la mesure questionnent

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Alors qu’un arrêté a été publié, le 31 mars, autorisant la culture des jachères en France en 2022, FNE s’alarme de cette évolution réglementaire. Les effets à attendre de cette mesure ne convainquent pas totalement non plus au sein du secteur agricole. 

©Arvalis - Institut du végétam - © D.R.
©Arvalis - Institut du végétam - © D.R.

Dans un contexte géopolitique tendu, la France a publié, le 31 mars, un arrêté encadrant la mise en cultures de jachères, pour l’année 2022.  Des dérogations que déplore FNE. « C’est une très mauvaise nouvelle, d’autant plus qu’il sera possible d’avoir recours aux produits phytosanitaires », regrette Marie-Catherine Schulz-Vannaxay, coordinatrice du réseau agriculture et alimentation de l’ONG.

Les inquiétudes portent notamment sur les conséquences de cette mesure sur l’environnement. « Ces jachères sont des zones refuges dans les exploitations agricoles, pour la biodiversité dans son ensemble, mais aussi pour celle qui aide à produire, grâce par exemple aux insectes auxiliaires, souligne la coordinatrice du réseau agriculture. Elles sont aussi essentielles à la fertilité des sols et à la production agricole sur le long terme. »

« Une décision contraire à ce qu’il faudrait faire »

Alors que la Commission européenne a donné son aval à la mise en œuvre de ces dérogations, pour faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine, FNE condamne, au contraire, « une décision allant à l’encontre de ce qu’il faudrait faire ». L’ONG formule des contre-propositions. « Selon nous, il faudrait surtout revoir notre modèle alimentaire, afin de réduire l’élevage industriel fortement consommateur de grandes cultures et libérer ainsi des terres pour l’alimentation humaine. » Une position que FNE a rappelé, le 30 mars, lors d’une mobilisation de 24 organisations, à Besançon, en marge du Grand oral des candidats et candidates à l’élection présidentielle, organisé par la FNSEA. Ensemble, elles ont publié un document, intitulé « Crise agricole et crise alimentaire : une alternative est possible », recensant une série de mesures alternatives, notamment à la mise en culture des jachères.

Des effets à la marge

Si la mesure était très attendue par une partie du secteur agricole, elle ne fait pas pour autant l’unanimité. En effet, les effets de cette mesure interrogent, car ils pourraient être limités. « A elles deux, l’Ukraine et la Russie représentent près de 30 % des exportations mondiales de blé, rappelle Ludovic Spiers, directeur général d’Agrial, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse le 4 avril. La guerre en Ukraine aura des impacts sur les échanges mondiaux avec le risque de pénuries sur certaines destinations. Qui produira plus pour compenser ces volumes ? Ce n’est pas nous, avec nos quelques hectares de jachère, qui résoudrons le problème. »

Selon le diagnostic initial réalisé en amont de la rédaction du Plan stratégique national, les surfaces d’intérêt écologique représentent 8,8 % des terres arables. Un quart d’entre elles (25,1 %) sont des jachères. Cela représente 400 000 hectares.