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L’Anses invite à renforcer le suivi des contaminations au S-métolachlore dans l’eau

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L’herbicide S-métolachlore et ses métabolites sont de plus en plus quantifiés dans les eaux de surface et souterraines, en France. Une tendance qui s’explique en partie par le spectre de recherche plus large depuis 2015 : certains métabolites n’étaient pas ciblés auparavant. L’Anses, qui a publié ces résultats le 12 octobre, invite malgré tout à renforcer la surveillance de ces contaminations.

L’Anses invite à renforcer le suivi des contaminations au S-métolachlore dans l’eau
L’Anses invite à renforcer le suivi des contaminations au S-métolachlore dans l’eau

L’Anses a publié, le 12 octobre 2021, l’extrait d’un rapport d’analyse centré sur le S-métolachlore, matière active herbicide. Le document fait état des données de surveillance de la molécule et de deux de ses métabolites en particulier (ESA et NOA) dans les eaux superficielles et souterraines, en France métropolitaine et dans les départements et régions des Outre-mer. L’Anses avait été saisie, sur ce dossier, par la Direction générale de la santé du ministère de la Santé, en mai 2021. Celle-ci s’inquiétait des résultats intermédiaires d’une campagne de suivi de 155 molécules et métabolites de pesticides, dans les eaux brutes et traitées destinées à la production d’eau potable, menée par le laboratoire d’hydrologie de Nancy, initiée à l’automne 2020.

Tendance influencée par la recherche de métabolites du S-métolachlore

Concrètement, en métropole, le taux de quantification dans les eaux superficielles du métolachlore total, c’est-à-dire la molécule et ses métabolites, est compris entre 32,7 % et 36,9 % sur les années 2016 à 2020. L’augmentation par rapport à 2007-11 (ce taux oscillait alors entre 9,8 % et 13,9 %) est en grande partie due au fait que certains métabolites ne sont recherchés que depuis le milieu des années 2010. « Les taux de quantification importants dès la première année de recherche laissent supposer que la présence des métabolites du S-métolachlore est antérieure à 2015 », précise toutefois le document. La tendance, depuis 2007, est aussi à l’augmentation dans les eaux souterraines, avec des taux de quantification atteignant entre 7 % à 11 % entre 2017 et 2020.

Définir les métabolites pertinents à suivre…

Pour l’Anses, différentes suites sont à donner à ce travail, à commencer par un renforcement du suivi des contaminations. Pour une meilleure évaluation du risque, l’Agence précise qu’il serait précieux d’établir une valeur sanitaire maximale le métabolite NOA. Elle attire globalement l’attention sur la nécessité de caractériser le caractère « pertinent » des différents métabolites du S-métolachlore retrouvés dans les eaux. Ce concept de pertinence est justement défini par l’Anses depuis avril 2019, au regard des risques pour la santé du consommateur. Enfin, l’agence prône une « approche globale de la question du désherbage du maïs » en France.

…et prendre de la hauteur sur le désherbage du maïs

En effet, les fréquences de quantification « importantes » de la molécule et ses métabolites dans les eaux s’expliquent par une utilisation importante du S-métolachlore sur tout le territoire, en particulier pour le désherbage du maïs et du tournesol en métropole et celui de la canne à sucre dans les Outre-mer, rappelle l’Anses, avant de préciser : « La recrudescence d’adventices difficiles à gérer suite à la disparition de nombreuses substances actives herbicides de printemps et la recrudescence de résistances ont favorisé le recours à cette substance active, seule ou en association. » Les données de vente sur la période 2009-19 situent quasiment toujours le S-métolachlore parmi les 10 substances les plus vendues en France.

La molécule est en cours de réévaluation au niveau européen. La validité de son approbation a été repoussée au 31 juillet.