« Écophyto n’a jamais eu vocation à faire baisser de 50 %, à lui seul, le recours aux phytosanitaires », Olivier Thibault (OFB)
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Auditionné par la commission d’enquête sur le plan Écophyto, le 28 septembre, le directeur général de l’OFB, Olivier Thibault, a remis en cause la capacité du plan à massifier les changements de pratiques. Il appelle à faire évoluer le plan stratégique national français pour accélérer à ce niveau.
« J’ai une vraie frustration sur les résultats que nous n’arrivons pas à atteindre politiquement depuis quinze ans sur le plan Écophyto ; je reste convaincu qu’il est possible de réduire largement la quantité de phytosanitaires utilisés », assure Olivier Thibault. Le directeur général de l’Office français de la biodiversité, nommé en juin dernier, était auditionné, le 28 septembre par la commission d’enquête sur le plan Écophyto. Selon lui, l’échec de ce dernier tient en une phrase : « Le plan Écophyto a bien marché sur la partie démonstration, mais il ne marche pas du tout sur la partie massification, car il n’a pas été fait pour ça et ne peut donc pas répondre à cet enjeu. »
Possibilité de réduire de 25 % les quantités sans changement de modèle
Pour appuyer son propos, le directeur général de l’OFB prend pour exemple le cas des fermes Dephy. « Quand on regarde les résultats [du réseau], on voit qu’en optimisant les pratiques, les quantités de phytosanitaires utilisées baissent entre 20 et 40 %, souligne Olivier Thibault. Cela veut dire qu’aujourd’hui, sans changer de modèle agricole, nous pouvons baisser ces quantités, en moyenne, de 25 %. Or, par rapport à 2009, celles-ci ont augmenté au niveau national. » Une situation qui s’expliquerait par une mauvaise gestion de la prise de risque demandée aux agriculteurs. « Les phytosanitaires sont un moyen d’avoir une assurance récolte, poursuit le directeur général de l’OFB. Or, quand vous n’êtes pas sûr de ce que vous allez avoir, vous mettez plutôt plus que plutôt moins. »
La massification doit passer par le PSN
Selon Olivier Thibault, les moyens financiers à disposition ne sont pas suffisants. Il estime ainsi que le plan stratégique national, PSN, n’est pas à la hauteur du défi, et appelle à le faire évoluer. « Les 643 M€ des plans Écophyto ne sont pas énormes par rapport aux 9 milliards de la Pac, glisse-t-il. Or, l’enjeu de massification passe par la Pac et donc par le PSN. » Le directeur général de l’OFB appelle cependant à ne pas confondre la politique phytosanitaire française et Écophyto, qui n’en est qu’un élément parmi d’autres : « Ce plan n’a jamais eu vocation à faire baisser de 50 %, à lui seul, le recours aux phytosanitaires. »