Néonicotinoïdes sur betteraves, dérogation toujours en suspens
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Les betteraviers espèrent encore bénéficier en 2023 d’une dérogation pour utiliser des traitements de semences à base de néonicotinoïdes. Mais le Gouvernement ne prendra sa décision que fin janvier, en s’appuyant sur l’avis du Conseil de surveillance qui se réunit le 20 janvier. Le projet d’arrêté est prêt, en consultation publique jusqu’au 24 janvier.
La Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) a demandé à bénéficier d’une nouvelle dérogation pour enrober leurs semences de substances actives de la famille des néonicotinoïdes en 2023, dernière campagne pour laquelle un arrêté dérogatoire à l’interdiction d’utilisation des produits contenant ces molécules est susceptible d’être adopté.
La dérogation n’est pas encore accordée, mais compte tenu des dates de semis des betteraves, le projet d’arrêté autorisant cette dérogation a été mis en ligne le 3 janvier 2023, pour consultation publique jusqu’au 24 janvier. Ce projet autorise, comme les deux années passées, l’emploi des substances actives imidaclopride (Gaucho 600 FS de Bayer) et thiamethoxam (Cruiser SB de Syngenta). Il liste également les cultures pouvant être semées après l’utilisation de semences de betteraves traitées, qui demeurent les mêmes que celles dévoilées l’an passé.
Réunion du Conseil de surveillance le 20 janvier
Le Conseil de surveillance n’a pas encore rendu son avis consultatif sur lequel le Gouvernement s’appuie pour donner ou non son accord, après la consultation publique. Ce conseil doit se réunir le 20 janvier et statuera en fonction des dernières données disponibles, notamment celles résultant de l’actualisation de l’analyse de probabilité d’arrivée précoce des pucerons, avec les prévisions climatiques saisonnières initialisées au 1er janvier 2023. Les calculs préliminaires de la date d’arrivée des pucerons en 2023 à partir des prévisions climatiques saisonnières initialisées aux 1er octobre, 1er novembre et 1er décembre 2022 laissent augurer, selon Inrae, un risque du même niveau que l’an passé. Mais une actualisation s’impose.
L’analyse des réservoirs viraux 2022 de l’ITB et d’Inrae, montre quant à elle une pression virale moindre qu’en 2021 et 2020. Un constat qui fait dire à Générations futures, dans un communiqué daté du 4 janvier, que « les données pour une prévision d’un impact important de la jaunisse sur les cultures de betteraves ne sont pas réunies ». L’association demande au Gouvernement de renoncer à accorder cette dérogation. Marc Fesneau, dans une vidéo présentée le 8 décembre lors de l’Assemblée générale de la CGB, s’est dit favorable à une troisième dérogation. Mais l’arrêté doit également être signé par le ministre chargé de la Transition écologique.
Pas encore de solutions alternatives aux néonicotinoïdes
Pour Franck Sander, président de la CGB, cette dérogation s’avère pourtant essentielle. « L’expérience des années passées a montré que l’analyse de la pression virale est complexe, que les connaissances manquent encore en la matière », souligne-t-il. L’ITB et Inrae précisent d’ailleurs que « l’absence de résultats positifs à la date de décembre ne préjuge pas d’une évolution ultérieure défavorable ». En 2021-2022, quatre parcelles sur sept analysées contenaient des plantes positives en février alors que rien n’avait été décelé en décembre.
La dérogation paraît d’autant plus essentielle aux yeux des betteraviers qu’après deux années de recherche, le plan national de recherche et d’innovation (PNRI) ne laisse entrevoir aucune solution alternative aux néonicotinoïdes déployables à l’échelle de l’ensemble de la sole betteravière en 2023. Et ce, même si certaines pistes semblent prometteuses. Les combinaisons de solutions n’ont pas encore été testées, elles feront l’objet du plan d’essais 2023.
Autre piste encourageante suivie par les betteraviers, la nouvelle substance active insecticide de BASF, Axalion, qui, selon la société, préserve les insectes utiles, notamment les pollinisateurs. Mais sa mise en marché dans l’Union européenne n’est pas attendue avant 2025 ou 2026.