Néonicotinoïdes sur betteraves, les conditions sont dévoilées
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La possibilité de déroger à l’interdiction française d’utiliser des produits phytosanitaires de la famille des néonicotinoïdes pour les semences de betterave sucrière se fera sous conditions. Ces dernières sont mises en lumière dans un projet d’arrêté mis en consultation publique le 4 janvier 2021.
La loi n° 2020-1578 du 14 décembre 2020, parue au Journal officiel du 15 décembre 2020, prévoit la possibilité d’autoriser de façon dérogatoire, jusqu’au 1er juillet 2023, l’utilisation de semences de betteraves sucrières traitées avec des produits phytosanitaires contenant des néonicotinoïdes. Un projet d’arrêté autorisant l’emploi d’imidaclopride (Gaucho 600 FS de Bayer) ou de thiamethoxam (Cruiser SB de Syngenta), pour une durée de 120 jours comme le prévoit l’article 53 du règlement (CE) n° 1107/2009, est en consultation publique jusqu’au 25 janvier 2021.
Listes de cultures suivantes à respecter
Le projet d’arrêté précise les conditions d’emploi de ces semences traitées et liste les cultures qui peuvent être implantées les années suivantes afin de réduire l’exposition des insectes pollinisateurs aux résidus éventuels de produits. Et ce, conformément à l’avis de l’Anses du 23 décembre 2020 :
• à partir de l’année 2022 : avoine, blé, choux, cultures fourragères non attractives, cultures légumières non attractives, endive, fétuque (semences), moha, oignon, orge, ray-grass, seigle ;
• à partir de l’année 2023 : chanvre, maïs, pavot/oeillette, pomme de terre ;
• à partir de l’année 2024 : colza, cultures fourragères mellifères, cultures légumières mellifères, féverole, lin fibre, luzerne, moutarde tardive, phacélie, pois, radis, tournesol, trèfle, vesce.
Dérogation sous conditions
Comme prévu par l’article 53 du règlement (CE) n° 1107/2009, l’arrêté ne sera pris qu’en présence d’un danger qui ne peut être maîtrisé par d’autres moyens raisonnables.
Les données disponibles ont été analysées par Inrae, en lien avec l’ITB. Trois critères sont considérés comme déterminants pour évaluer le risque de pression phytosanitaire susceptible d’être rencontrée l’année prochaine :
• l’analyse des réservoirs viraux au cours de l’automne, auprès desquels les pucerons pourraient se charger en virus et ensuite infecter les cultures de betterave sucrière ;
• la présence de populations de pucerons au cours de l’automne, qui peut avoir une valeur prédictive pour le printemps, selon les conditions de survie pendant l’hiver ;
• les prévisions climatiques saisonnières. Basées sur les températures moyennes en automne et en hiver, elles donnent une indication sur la capacité de survie des pucerons pendant l’hiver, et plus largement sur la persistance de l’ensemble de la chaîne trophique intégrant pucerons et auxiliaires. De plus, elles informent sur la date d’occurrence des premiers vols de pucerons virulifères, les betteraves étant d’autant plus vulnérables que les pucerons sont précoces.
Dans l’état des connaissances et des capacités actuelles de modélisation, l’Inrae a conclu qu’il n’est pas possible d’écarter l’hypothèse que 2021 soit semblable à 2020 en matière de risques de virose sur la betterave sucrière en France. Mais avant la publication de l’arrêté, une actualisation des données météorologiques sera réalisée. Le conseil de surveillance prévu par la loi n° 2020-1578 du 14 décembre 2020 donnera alors son avis.