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Phytos et pollinisateurs, difficile de déroger aux plages horaires, selon l’Anses

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Détourner les pollinisateurs d’une culture en les attirant vers un couvert végétal préalablement installé à proximité. L’idée est judicieuse et permettrait d’alléger la contrainte horaire d’application de produits phytosanitaires en période de floraison. Mais selon l’Anses, qui a publié son avis sur la question, les données manquent pour prouver que le principe est efficace.

Phytos et pollinisateurs, difficile de déroger aux plages horaires, selon l’Anses
Phytos et pollinisateurs, difficile de déroger aux plages horaires, selon l’Anses

Depuis le 1er janvier 2022, tous les produits phytosanitaires doivent, pour être autorisés en floraison sur une culture attractive pour les pollinisateurs, disposer d’une mention spécifique faisant suite à une évaluation de l’Anses. Les applications de ces spécialités doivent, de plus, être réalisées dans les deux heures qui précèdent le coucher du soleil et dans les trois heures qui le suivent. La dérogation de huit mois à cette contrainte horaire, permise par l’arrêté du 20 novembre 2021, a pris fin. Et les mesures de compensation étudiées jusqu’à présent pour assouplir cette règle ne semblent pas convenir à l’Anses, chargée de les valider : dans un avis dédié, daté du 6 mai 2022 mais publié seulement le 10 août, l’Agence se montre sceptique quant à l’intérêt d’installer des couverts végétaux pour attirer les pollinisateurs et les détourner ponctuellement de la parcelle à traiter en période de floraison.

Mise en avant d’un manque de données sur l’attractivité des pollinisateurs

L’Anses s’appuie sur un rapport d’Inrae qui identifie les couverts mellifères ou mélanges favorisant les plantes messicoles qui seraient attractifs pour les abeilles domestiques et pollinisateurs sauvages et garantissant une floraison simultanée avec la floraison des cultures productives. L’Agence conclut, dans son avis, qu’en l’état actuel des connaissances, « il ne peut être exclu que, même avec la mise en place de zones/cultures de compensation, une partie des insectes soit exposée d’autant que la notion d’attractivité est très relative et sera très différente selon les espèces ».

L’Anses recommande, comme proposé par Inrae, de « consolider les connaissances par l’acquisition de données supplémentaires ». Et ce, notamment via l’axe 1 du plan de protection des pollinisateurs sur l’amélioration des connaissances scientifiques. Un sujet qui pourrait être discuté lors de la réunion du comité national de suivi du plan pollinisateurs, prévue le 6 septembre prochain. Affaire à suivre, donc.