Protéines animales transformées, l’Anses ne s’oppose pas à un assouplissement réglementaire
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Alors que la Commission européenne étudie la possibilité d’assouplir la réglementation sur l’utilisation des protéines animales transformées, dans les élevages, l’Anses a rendu, le 9 juillet, son avis sur les risques de cet allégement réglementaire. L’agence ne s’y oppose pas, mais insiste sur la nécessaire séparation des chaînes de production des aliments.
Vingt-cinq ans après la crise de la vache folle, la question de l’utilisation des protéines animales pour l’alimentation des animaux d’élevages revient sur le devant de la scène. Un an après avoir été saisie par les ministères de l’Economie et de l’Agriculture, l’Anses a rendu, le 9 juillet, un avis sur l’utilisation de protéines animales de porcs dans l’alimentation des volailles, et vice-versa. Cette option est celle actuellement étudiée par la Commission européenne, qui envisage d’assouplir, sous certaines conditions, l’interdiction prise en 2001 de nourrir les animaux avec des protéines animales. Une consultation a ainsi été menée au mois de mars dernier.
Amélioration de la situation concernant l’ESB
Le principal risque concerne la transmission et l’amplification d'encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST). Comme le rappelle la Commission, aucun cas d’ESB (EST spécifique à la filière bovine) n’a été déclaré depuis 2016, et le statut du risque concernant cette maladie est négligeable dans 24 Etats membres. « La démarche des experts de l’Anses a été d’identifier les situations à risque au cours desquelles des EST, connues ou inconnues sur le terrain, pourraient être transmises, amplifiées et difficilement maîtrisables une décennie plus tard, à l’instar de ce qui s’est produit pour l’agent de l’encéphalopathie spongiforme bovin (ESB) dans les années 80 », explique Charlotte Dunoyer, cheffe de l’unité Évaluation des risques liés à la santé, à l’alimentation et au bien-être des animaux, à l’Anses.
Respecter strictement la séparation des productions
Sans s’opposer à l’assouplissement de la réglementation à l’étude au niveau européen, mais pour éviter de connaître une nouvelle crise de ce type, l’Anses insiste sur la « nécessité d’une séparation stricte de la chaîne de production des aliments ». Selon l’agence, le risque de contamination réside notamment lorsque des sous produits animaux non destinés à une espèce se retrouvent dans son alimentation, avant (abattoir et collecte des sous-produits), pendant ou après la fabrication (usines et transports). « Les abattoirs mixtes, traitant plusieurs espèces, sont le maillon faible de cette chaîne de production, le risque de transmission y est évalué comme le plus élevé, indique l’Anses. Il a été montré expérimentalement que les porcs peuvent développer la maladie s’ils sont contaminés par certaines EST de ruminants. Le risque minimal est atteint lorsque la séparation par espèce de l’ensemble des sites de la chaîne de production est effective. L’Anses recommande donc de respecter strictement cette règle. »
Contrôler aussi les insectes
Le rapport s’intéresse aussi à la question de l’inclusion des insectes dans l’alimentation des animaux. Si, en ce qui concerne les EST, le risque est faible, l’Anses note que les insectes pourraient transférer des microorganismes pathogènes et des contaminants chimiques. L’Anses recommande donc de respecter certaines règles sanitaires pour l’alimentation des insectes, à savoir d’en exclure les déchets et déjections. « Une période de jeûne de 24 heures permettrait d’éliminer les éventuels contaminants susceptibles d’être présents dans l’intestin des insectes », précise le document, qui appelle également à la réalisation de tests pour contrôler la présences de métaux lourds.