Soja sans déforestation, le Snia dénonce l’absence de modalités d’application du RDUE
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Alors que le Règlement contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE) doit entrer en vigueur le 30 décembre 2024, le Snia alerte sur l’absence de précision quant aux conditions du règlement européen, qui recouvre sept produits d’importation ainsi que certains de leurs dérivés : le cacao, le café, le caoutchouc, le bois, l’huile de palme, le bovin et le soja.
Alors que le Règlement contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE) doit entrer en vigueur le 30 décembre 2024, le Snia alerte sur l’absence de précision quant aux conditions du règlement européen, qui recouvre sept produits d’importation ainsi que certains de leurs dérivés : le cacao, le café, le caoutchouc, le bois, l’huile de palme, le bovin et le soja.
C’est sur ce dernier produit que le sujet apparaît le plus délicat pour le syndicat de l’industrie de l’alimentation animale. « Nous attendons toujours les modalités d’application et nos fournisseurs ne peuvent pas se positionner. À trois mois de la mise en place du règlement, c’est totalement irresponsable. La nutrition animale est prête mais les conditions européennes complexes et floues nous conduisent à une offre insuffisante, voire dans une impasse. Les négociations des filières avec la grande distribution vont bientôt commencer et nous avons une incertitude totale sur les quantités qui seront disponibles et, surtout, leur coût », déclare Ludovic Michel, vice-président du Snia, le 12 septembre 2024.
« Le règlement européen ne s’est pas appuyé sur le travail réalisé par les professionnels et la Fédération européenne des fabricants d’aliments composés (Fefac). Des initiatives comme la charte Duralim et le manifeste Zéro Déforestation importée sont pourtant en cours de déploiement et nous étions à 75 % de soja garanti non déforestant au 1er janvier 2024. Nous demandons une application pragmatique du RDUE, sinon nous sommes face à un risque de rupture de la chaîne d’approvisionnement, indique le vice-président. La Fefac a fait un travail d’estimation et chiffre un surcoût direct et indirect de 2,28 Md € au niveau européen en 2025. »
La géolocalisation des parcelles, le « point dur du règlement »
« Aujourd’hui, nous n’avons aucune visibilité pour couvrir la totalité des besoins en matières premières pour l’élevage sur le territoire national, et c’est la même chose partout en Europe, déplore Stéphane Radet, directeur du Snia. Sans attendre le règlement européen, les fabricants d’aliments ont créé Duralim avec les filières de l’élevage en France, jusqu’à la grande distribution et les fournisseurs. La Fefac a élaboré les lignes directrices qui permettent à nos fournisseurs de se benchmarker en fonction d’une grille d’analyse pour répondre à des critères de durabilité concernant l’achat de soja pour l’alimentation animale et nos fournisseurs valident leur schéma d’approvisionnement au regard de ces lignes directrices. Le manifeste des fabricants d’aliments en France est d’ailleurs basé sur ces lignes directrices. Celles-ci intègrent le risque de déforestation. Ce système d’outil professionnel n’est pas reconnu par le règlement européen, qui est un règlement transversal couvrant six autres commodités. »
« Le point dur de ce règlement, c’est la géolocalisation des parcelles dans les pays fournisseurs de soja à l’Europe, souligne Stéphane Radet. Le marché français réclame encore du soja non-OGM, encore du soja bio : sur ces deux segments, comme pour le conventionnel, les productions nationale et européenne ne satisfont pas la totalité des besoins. Lorsque le Brésil s’est retiré de la production de soja sans OGM, il a fallu aller chercher d’autres sources : l’Inde, le Nigéria. Aujourd’hui, les fabricants d’aliments n’ont absolument aucune visibilité sur leurs capacités à couvrir tous les besoins des filières bio et sans OGM en 2025-2026. »