Pollution des eaux par les phytosanitaires et les nitrates : les 5 enseignements de l’étude du SDES
Le SDES, service des données et études statistiques des ministères chargés de la transition écologique, de l’énergie, de la construction, du logement et des transports, a publié, le 20 janvier 2025, sa synthèse des connaissances obtenue sur la pollution des eaux superficielles et souterraines en France en 2024. Elle fait état de la présence toujours forte de pesticides et de nitrates dans les nappes et plans d’eau, responsable de 41,4 % des fermetures de captage depuis 1980.

Plus de 40 mg de nitrate/litre dans 24 % des eaux du nord de la France
Dans une étude publiée le 20 janvier 2025, le SDES compile ses données récoltées sur l’année 2024 sur la présence de pesticides et de nitrates dans les eaux souterraines et superficielles.
Le niveau de contamination des nappes en nitrate présente de fortes disparités territoriales, la moitié sud de l’Hexagone étant globalement moins contaminée. Près de 24 % des masses d’eau les plus proches de la surface des bassins Loire-Bretagne, Rhin-Meuse, Artois-Picardie et Seine-Normandie dépassent la concentration de 40 mg/litre contre 8 % dans la moitié sud.
Dans les cours d’eau, les concentrations en nitrates sont stables entre 2000 et 2023, ainsi que sur la dernière décennie (environ 15 mg/l). Les valeurs les plus élevées s’observent sur une grande moitié nord de la France métropolitaine, notamment en Bretagne et en Normandie.
Grandes cultures, arboriculture et viticulture sur le podium des cultures les plus polluantes
La surveillance de la qualité des cours d’eau et des nappes souterraines montre que les pesticides sont présents dans la plupart des sous-bassins. Les concentrations les plus élevées sont mesurées dans les zones de grandes cultures, d’arboriculture et de viticulture. Seuls les territoires montagneux ou constitués de surfaces agricoles moins traitées, telles que les prairies permanentes, sont moins contaminés.
Dans les cours d’eau et plans d’eau, les principales substances quantifiées sont les herbicides et leurs produits de dégradation en France métropolitaine, et les insecticides et leurs métabolites en outre-mer. L’IPTC, indice des pressions toxiques cumulées des pesticides, dépasse 1 sur toutes les tailles de cours d’eau et sur environ la moitié des sites de mesure depuis 2008.

588 pesticides identifiés au moins une fois dans les eaux souterraines
Les situations les plus dégradées s’observent sur la moitié nord de l’Hexagone et en Martinique. Sur les 782 pesticides surveillés en France métropolitaine sur la période 2019-2022, 588 ont été quantifiés au moins une fois dans les eaux souterraines. Dans les DROM, sur cette même période, sur les 689 pesticides, 160 ont été quantifiés au moins une fois.
Parmi les pesticides les plus quantifiés aussi bien en France métropolitaine que dans les DROM, on retrouve des substances (et leurs métabolites) interdites depuis plusieurs années comme l’Atrazine, interdit depuis 2003, mais massivement utilisé pendant 40 ans.


La dégradation de la qualité de l’eau, principale cause d’abandon des captages
La première cause d’abandon sur la période 1980-2024 incombe à la dégradation de la qualité de la ressource en eau (32,1 % des situations). Les autres motifs concernent la rationalisation des réseaux de production et de distribution (23,9 %), des problématiques administratives (15 %), des débits de production trop faibles (8,7 %), des dégradations ou une vétusté trop importante des équipements (7 %) ou l’impossibilité d’assurer la protection de la ressource (5,4 %). La cause de l’abandon n’est pas connue pour 4,6 % des cas.
41,1 % des fermetures de captage dues à la présence de nitrates ou pesticides
Parmi les captages abandonnés en raison de la dégradation de la qualité de la ressource sur la période 1980-2024, 41,1 % le sont du fait de teneurs excessives en nitrates et/ou pesticides, 23,4 % pour des raisons de microbiologie, 7,2 % du fait de présence d’arsenic, 6,5 % pour des excès de turbidité de l’eau et 21,7 % à cause d’autres paramètres en excès (hydrocarbures, sulfates, solvants, fer, manganèse, sélénium, fluorures et fluor, etc.).