Blé hybride : une première variété de Syngenta inscrite, la gamme commercialisée à partir de 2026
Par Stéphanie Ayrault | Le | Semences & plants
Alors que Syngenta vient d’obtenir sa première inscription de blé hybride au catalogue officiel, la société prévoit une commercialisation de sa gamme de blés hybrides X-Terra à l’automne 2026, avec des variétés notamment prometteuses sur la tolérance aux maladies. Elles seront testées cette année dans les réseaux d’expérimentation des coopératives et des négoces. Explications avec Olivier Borde, chef de marché semences céréales France chez Syngenta.
L’inscription officielle de la première variété de blé hybride de Syngenta a été publiée au Journal officiel le 22 décembre 2024. « C’est une avancée significative dans nos travaux sur les blés hybrides X-Terra, cela atteste de notre maîtrise des techniques d’hybridation et notre capacité à inscrire des variétés adaptées au marché français. Cependant, nous ne prévoyons pas de la commercialiser cette variété, car nous allons lancer sur le marché des variétés plus prometteuses et plus performantes, tant en termes de rendement que de résistance aux maladies. Cette première variété sera très rapidement dépassée par nos nouvelles variétés qui sont en train d’être inscrites », explique Olivier Borde, chef de marché semences céréales France chez Syngenta à Agro Matin.
Nous allons lancer sur le marché des variétés plus prometteuses et plus performantes, tant en termes de rendement que de résistance aux maladies.
Actuellement, seule la société Saaten Union commercialise des blés hybrides en France. « Nous travaillons sur ce programme depuis une quinzaine d’années, et nous commençons à en récolter les fruits », explique Olivier Borde. Syngenta bénéficie par ailleurs d’une expérience solide en matière d’orges hybrides, acquise grâce à sa gamme Hyvido.
Onze variétés en cours d’inscription
À ce jour, onze variétés de blé hybride figurent dans le pipeline de recherche de Syngenta : quatre d’entre elles sont en deuxième année d’inscription auprès du CTPS (Comité technique permanent de la sélection), et sept autres en première année. Les premières devraient intégrer le catalogue officiel en décembre 2025, avec une commercialisation prévue pour l’automne 2026 pour les quatre variétés en deuxième année d’inscription.
Le choix de la stérilité mâle naturelle
Pour concevoir ses blés hybrides, Syngenta recourt à une méthode de stérilité mâle naturelle, utilisant des plantes « porte-graine » qui ne produisent pas de pollen.
« Avec les blés hybrides, il s’agit de combiner deux variétés en une seule ! Nous recherchons ainsi la complémentarité des gènes entre les deux parents pour produire ce que les sélectionneurs appellent l’hétérosis. Notre premier axe de recherche concerne la tolérance aux maladies. Nous visons également une augmentation de la biomasse des blés, ce qui se traduit par une meilleure capacité de la plante à capter l’énergie solaire et à produire davantage de graines », poursuit le chef de marché semences.
Davantage de rendement et de résistance aux maladies
L’objectif de Syngenta est d’atteindre une augmentation des rendements de l’ordre de 8 à 10 %.
« Nos variétés présentent une excellente résistance à la septoriose et à la rouille, avec des notes supérieures à 7. Nous développons également des plantes plus tolérantes au piétin-verse et aux mosaïques », livre Olivier Borde.
Aujourd’hui, les blés hybrides occupent environ 50 000 hectares sur un total de cinq millions d’hectares consacrés à la culture du blé en France. « Il s’agit d’un marché de niche. Pourtant, dans les années 2000, ces surfaces atteignaient 200 000 hectares. La diminution s’explique par la complexité de production des premières variétés de blés hybrides. Désormais, grâce à notre nouveau système de production, nous disposons d’une solution simplifiée pour alimenter le marché et redynamiser le marché des semences de céréales », insiste-t-il.
« L’ensemble du marché en blés hybrides »
Syngenta ambitionne d’atteindre une part de marché des semences de blés de 5 % pour les blés hybrides d’ici cinq ans. Actuellement, la société détient 6 % du marché des semences de blé. « Notre objectif, à long terme, est que l’ensemble du marché du blé repose sur des variétés hybrides », explique Olivier Borde.
Le prix, une question stratégique
Ce qui intéresse l’agriculteur, ce n’est pas que sa variété de blé soit hybride ou non, c’est qu’elle soit plus performante
La question du prix s’avère stratégique pour Syngenta.
« Il est évident qu’un programme de recherche sur les blés hybrides est plus onéreux, puisqu’il s’agit de combiner deux variétés en une. Sur les orges hybrides, le surcoût est compris entre 60 et 90 euros à l’hectare. Cependant, il est encore trop tôt pour se prononcer sur le prix final pour nos blés X-Terra. Les semences X-Terra devront démontrer un bénéfice tangible pour justifier un éventuel surcoût. Nous serons particulièrement attentifs à cet aspect, qui dépendra des performances des variétés que nous introduirons sur le marché. Ce qui intéresse l’agriculteur, ce n’est pas que sa variété de blé soit hybride ou non, c’est qu’elle soit plus performante », précise le chef marché semences.
En test en 2025 chez les distributeurs
Elles seront dans toutes les structures disposant d’un réseau d’expérimentation robuste
Les variétés seront testées pour la première fois cette année par les coopératives et les négoces. « Elles seront dans toutes les structures disposant d’un réseau d’expérimentation robuste », indique Olivier Borde.