Christophe Pollet, Agribio Union, « Nous avons été sollicités par des coopératives et négoces »
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Crise du bio, agriculture régénérative, commerce équitable, facture énergique, nouveau silo, etc, Christophe Pollet, directeur commercial d’Agribio Union livre à Référence agro les perspectives pour son entreprise dans un contexte économique chahuté.
Référence agro : Comment vivez-vous la crise du bio ?
Christophe Pollet : Nous avons très peu de déconversions au sein des exploitations agricoles partenaires d’Agribio Union. Nous continuons à travailler en 2023 avec 1200 agriculteurs actifs. Depuis cinq ans, notre croissance suivait celle de la bio. Cette année, nous sommes en arrêt de croissance. Certains marchés sont plus affectés que d’autres comme ceux de l’alimentation animale ou des graines oléagineuses, tournesol en tête. Toutefois, parmi l’ensemble des équipes techniques de nos structures associées, plus de 58 technico-commerciaux continuent d’accompagner les agriculteurs bio et les éventuelles demandes de conversions. Agribio Union a plus de vingt ans d’existence et est désormais à maturité, avec un socle stable et un savoir-faire reconnu. D’ailleurs, cette année, nous avons été sollicités par quelques coopératives et négoces pour de la prestation de stockage, de la collecte et même de la mise en marché. Nous n’allons pas intégrer de nouvelles structures dans notre Union, mais nous pouvons clairement mettre en place des synergies, par exemple sur le stockage.
R.A. : Au Salon de l’agriculture, vous avez présenté vos démarches de commerce équitable. Pourquoi cette approche vous intéresse-t-elle ?
C.P. : Depuis plus de dix ans, nous essayons de répondre à la demande de nos clients mais aussi de nos agriculteurs notamment en proposant des démarches équitables. D’ailleurs, depuis 2022, nous pouvons proposer aux agriculteurs qui le souhaitent un assolement 100 % équitable grâce à l’engagement de nombreux clients dans cette démarche : meunier, huilier, soja, légumes secs, etc. Ces démarches sont vertueuses car elles proposent un engagement pluriannuel, généralement de trois ans, avec la garantie d’une juste rémunération de l’ensemble des acteurs de ces filières et des actions sociales et environnementales. Agribio Union travaille avec deux labels : Agri-éthique et Biopartenaire. L’ensemble de nos démarches équitables peuvent représenter plus de 10 % de nos débouchés en alimentation humaine bio et concernent notamment le blé tendre, le seigle, le sarrasin, le tournesol, le soja et les légumes secs. Nous essayons de développer cette année le blé dur. Comme nous travaillons sur un partenariat de trois ans, nous pouvons lancer des opérations sur le long terme et aborder de nouveaux thèmes avec nos clients, comme leurs démarches RSE, les gaz à effet de serre, l’eau, le sol, la biodiversité. Afin d’aborder tous ces sujets travaillés depuis deux ans chez Agribio Union, nous nous sommes rapprochés de l’association Pour une agriculture du vivant afin de proposer à nos clients des productions issues de l’agriculture de régénération. Ce dossier sera prioritaire en 2023 en termes d’axe de travail afin de répondre à cette demande clients.
R.A. : L’augmentation de la facture énergétique impacte-t-elle votre activité ?
C. P. : Toutes les factures énergétiques sont en hausse. Nous allons avoir une forte augmentation de nos coûts. Nous avons différents sites qui ont tous des contrats différents : c’est à minima du plus 30 %. Cette hausse est complexe à répercuter, dans le contexte de crise du bio. Nous n’avons pas d’autres choix que d’être résilient.
Un nouveau silo de stockage à Roquelaure (Gers)
Agribio Union va inaugurer le 1er juin un silo de stockage 100 % bio à Roquelaure, dans le Gers, à dix kilomètres au nord d’Auch. La structure avait déjà un silo dans le Sud-Ouest du département, près des Landes. « Le Gers est le premier département en surface pour le bio, et il manque des infrastructures dans le nord du département », précise Serge Rostomov, directeur technique. Le nouveau silo aura une capacité de stockage de 15 000 tonnes. Il sera opérationnel en juillet 2023 pour la prochaine récolte. L’investissement s’élève à 7,4 millions d’euros. Avec ce nouveau site, Agribio Union compte quatre silos en propre, dont trois ont été construits dans les sept dernières années.
- Agribio Union collecte entre 90 000 et 100 000 tonnes de matières premières bio
- Elle réalise un chiffre d’affaires de 65 millions d’euros
- Elle regroupe six coopératives : Arterris, Euralis, Maïsadour, Vivadour, la coop Agribio et Terres du sud.