Label bas-carbone, la Coopération agricole s’appuiera sur les entreprises pionnières
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Quatre mois après la publication de la méthode bas carbone pour les grandes cultures, la Coopération agricole se montre prudente sur le sujet. Encore en « phase d’observation », la structure veut se laisser le temps de la réflexion pour juger de la pertinence du dispositif. Explications avec Gaëtane Le Breuil, responsable environnement et appro à la Coopération agricole métiers du grain
Amorcée il y a près de deux ans par un consortium d’acteurs agricoles*, la rédaction d’une méthodologie grandes cultures pour le Label bas-carbone a finalement abouti fin août, lors de sa validation par le ministère de la Transition écologique. « Nous avions beaucoup d’attentes à ce sujet, la filière grandes cultures étant celle disposant du plus grand potentiel de stockage carbone par comparaison aux surfaces en prairies ou boisées, rappelle Gaëtane Le Breuil, responsable environnement et appro à la Coopération agricole métiers du grain. La fédération faisait partie du comité d’usagers adossé au comité de rédacteurs, nous n’avons donc pas été surpris par le contenu de la méthode. Certaines coopératives avaient même déjà commencé à réfléchir à la manière de s’en emparer. » Néanmoins, près de quatre mois après la publication de la méthode, l’heure est plutôt à la prudence dans les rangs de la Coopération agricole. « Depuis cet été, nous nous interrogeons sur la manière de nous positionner, admet Gaëtane Le Breuil. Maintenant que la méthode est là, nous nous posons des questions que nous n’avions pas forcément identifié au départ. »
Attente de retours de coopératives engagées
Les incertitudes portent notamment sur le fonctionnement du marché volontaire de compensation carbone. « Nous n’y avions pas accès jusqu’à présent et nous connaissons donc mal son fonctionnement, explique la responsable environnement et appro. Ce marché est encore en train de se structurer, nous avons peu de visibilité sur les transactions, qui sont les acheteurs, quel est le prix de la tonne carbone, etc. » Le manque de recul sur le label en lui-même, assez récent, est aussi mis en avant. Pour y voir plus clair, la Coopération agricole compte, dans un premier temps, s’appuyer sur les coopératives motrices sur le sujet. « Nous attendons beaucoup de leurs retours, nous allons suivre de près leurs expériences », indique Gaëtane Le Breuil.
L’articulation du label avec d’autres outils de valorisation du carbone à l’étude
Ces retours devront également permettre à la fédération de mieux appréhender le déploiement du Label bas-carbone et son articulation avec d’autres voies de valorisation des efforts de la filière pour améliorer son bilan carbone. D’autres démarches existent en effet, portées par des acteurs privés, comme celle de Soil Capital par exemple. Le recours à ce type de projet est plus globalement analysé. « Nos clients nous indiquent être prêts à développer des filières à basses émissions, cela se rapproche davantage du fonctionnement classique des coopératives, où la valeur ajoutée est recherchée dans les cahiers des charges. Nous voulons prendre le temps de la réflexion et voir comment toutes ces initiatives pourraient s’articuler », précise Gaëtane Le Breuil.
Cette dernière explique par ailleurs avoir suivi avec intérêt les résultats de l’expérimentation CarbonExtract d’Agrosolutions, concernant la production de crédits carbone, et son coût, sur une exploitation. « Nous avons une méthode mais il n’y a pas une seule vérité, un système plus favorable au stockage de carbone. L’amélioration du stockage de carbone dans les sols n’est peut-être pas, par ailleurs, le seul levier sur lequel se concentrer pour améliorer le bilan carbone, il faut aussi regarder comment réduire les émissions », expose la responsable environnement et appro.
Une demande de terrain indéniable
Impossible de nier, cependant, l’engouement général autour du sujet carbone. « Ce n’est pas anodin qu’une méthode ait été rédigée, le carbone est un enjeu important », note ainsi Gaëtane Le Breuil. Pour l’heure, aucun groupe de travail n’a été constitué sur le sujet au niveau de la Coopération agricole métiers du grain, bien que cela soit envisagé à l’avenir. « Nous voulons participer à la baisse de l’empreinte environnementale liée à notre activité, et le stockage du carbone est un levier. Aujourd’hui, nous sommes encore en phase d’observation sur le dispositif du Label bas-carbone. La section métiers du grain travaille sur sa feuille de route pour participer à l’ambition de neutralité carbone en 2035 de la Coopération agricole. »
*les associations de producteurs de maïs (AGPM), blé (AGPB), betterave (CGB) et oléoprotéagineux (Fop) Arvalis, Institut technique de la betterave (ITB) et Association de recherche technique betteravière (ARTB), Terres Inovia