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 « Nous testons le label bas-carbone en élevage », Anne Larroquette, Agrial

Le | Cooperatives-negoces

La coopérative Agrial teste le label-bas carbone du ministère de la Transition écologique dans la filière élevage. Pour Anne Larroquette, directrice développement durable, les démarches carbone sont encore dans une phase exploratoire, tant dans leur mise en œuvre que dans leur valorisation qui pourrait aller au-delà du marché du carbone. Explications.

 « Nous testons le label bas-carbone en élevage », Anne Larroquette, Agrial
 « Nous testons le label bas-carbone en élevage », Anne Larroquette, Agrial

Référence agro : Agrial est l’une des premières entreprises à s’être insérée dans le label bas-carbone. Comment allez-vous le développer sur votre territoire ?

Anne Larroquette : Nous sommes en train de construire une feuille de route sur le climat que nous devrions finaliser cette année, et au sein de laquelle nous abordons les thèmes de l’énergie, du transport, du gaspillage, de la réduction des déchets, ou encore de l’emballage. Dans ce cadre, nous explorons aussi tous les dispositifs possibles qui valorisent économiquement les pratiques vertueuses des agriculteurs pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et accroître la séquestration du carbone dans les sols.

Nous avons répondu au premier appel à projets du label bas-carbone en élevage en 2019. Avec la situation sanitaire, nous avons finalement décalé d’un an et nous nous insérons dans l’appel à projets de décembre 2020. Nous sommes dans une phase exploratoire, pour laquelle nous avons voulu tout contrôler. Nous sommes donc partis sur une petite échelle avec cinq éleveurs volontaires et une entreprise privée qui achètera les crédits carbone. L’appétence des éleveurs pour ce dispositif est réelle

R.A. : Les conseillers sont-ils suffisamment formés ?

A.L. : Quelques conseillers ont été formés pour faire les diagnostics et proposer des plans d’actions. Mais nous devons travailler sur la montée en compétence de nos équipes terrain. Ce sujet reste complexe pour les conseillers. Nous regardons les formations en la matière proposées par les chambres d’agriculture, l’Institut de l’élevage, etc. Nous choisirons celles qui nous permettront d’avoir une homogénéité sur toute nos régions.

R.A. : Menez-vous d’autres projets sur les pratiques agricoles plus vertueuses pour le climat ?

A.L. : Nous sommes impliqués sur les démarches bas carbone sur les productions végétales à destination du marché des biocarburants. et avons également développé en 2019 en interne une méthode de mesure de l’empreinte carbone des exploitations, toutes filières confondues. Une cinquantaine de fermes a été auditée en 2020. Nous devrons ensuite apporter aux adhérents et aux filières des solutions agronomiques pour s’adapter aux effets du changement climatique. Au-delà du label bas-carbone, nous devons explorer différentes manières de valoriser le carbone et regarder d’autres systèmes de valorisation des carbones économisés comme le label Gold standard (NDLR, mis en place par la Gold standard foundation créée en 2003 par le WWF et d’autres organisations non gouvernementales). Il certifie des projets de compensation volontaire. Il va falloir que nous nous arrêtions sur une méthode afin de ne pas nous disperser. Sans oublier que, peut-être, que la valorisation ne se fera pas uniquement sur le marché du carbone.

R.A. : Des associations environnementales estiment que certaines méthodologies pour calculer les efforts des agriculteurs en matière d’impact sur le climat conduisent à une intensification de l’agriculture. Qu’en pensez-vous ?

A.L. : Si on lit bien les méthodes, il peut en effet y avoir une incidence dans ce sens. Il n’y a pas de bonnes réponses. Nous ne sommes pas suffisamment avancés pour tirer des conclusions. Les méthodes sont en construction, nous n’avons pas toutes les réponses pour savoir quelles sont les voies à privilégier.

Quoiqu’il en soit, les agriculteurs sont en train de réintégrer l’agronomie dans leur pratique. Il existe beaucoup de leviers : à nous de trouver ceux qui sont communs à plusieurs enjeux, les bonnes synergies et convergences. Je pense par exemple qu’il y aura des liens avec l’affichage environnemental. Au-delà de l’enjeu climatique incontournable, cette dynamique doit s’opérer en étant créatrice de valeur pour l’agriculteur et la coopérative.