Les coopératives s’emparent progressivement du label bas-carbone

Les filières agricoles s’emparent progressivement du label bas-carbone. Après l’élevage bovin, l’agroforesterie, l’arboriculture, la méthode vient d’être finalisée sur les grandes cultures. Elle a été bâtie par Agrosolutions, Arvalis-Institut du végétal, Terres Inovia, l’Institut technique de la betterave (ITB) et l’Association de recherche technique betteravière (ARTB). Au-delà de cette mobilisation nationale, et alors que La Coopération agricole a annoncé que le carbone serait un des ses chantiers prioritaires pour 2021, comment les coopératives s’insèrent-elles dans ces projets ?

Les biocarburants ont servi de test en grandes cultures

Sur les grandes cultures, si la méthode a été finalisée plus tardivement que sur le lait et la viande, des entreprises se sont déjà insérées dans des démarches similaires sur les biocarburants à l’instar de la COC, de Soufflet, de Nat’up, de la Scaël,  ou encore d’Axereal. Les premiers projets ont démarré sur le colza et s’étendent désormais au tournesol. « Certaines coopératives se demandent comment étendre la démarche à d’autres productions végétales », indique Gaëtane Le Breuil, responsable environnement/appro pour La Coopération agricole (LCA) métiers du grain. Vivescia s’est déjà intéressé à l’orge.  « La solution peut résider dans le label bas-carbone, ajoute-t-elle. Mais il faudra sans doute que l’impulsion soit donnée au niveau national pour que les coopératives s’approprient le dispositif. Le label est clairement une opportunité pour valoriser les efforts réalisés par le monde agricole pour réduire leur impact sur le climat. »

Sodiaal et Agrial sur le lait

« Le carbone est un enjeu majeur pour la filière laitière, la première à s’en saisir, explique Anne-Sophie Rumigny-Passas, responsable QSE pour La Coopération agricole laitière. Les coopératives utilisent le logiciel Cap2ER, ou tout autre outil reconnu équivalent par l’interprofession, surtout dans le cadre de l’initiative de la ferme laitière bas carbone, portée par le Cniel, et non encore pour le label. » Sur les 240 coopératives que compte le secteur laitier, de plus en plus d’entreprises, s’engagent, à l’image de Sodiaal et Agrial.  « Nous travaillons à sensibiliser les producteurs et les entreprises sur les démarches existantes pour réduire les gaz à effet de serre, séquestrer du carbone et valoriser économiquement les efforts. Le label est récent, il faut que tout cela se mette en place », poursuit-elle.

Financer le conseil

Trois coopératives se sont engagées en bovins viande dans le premier appel à projets : Feder, Sicarev coop et Altitude. « Elles testent pour l’heure la démarche avec un petit nombre d’éleveurs, explique Laëtitia Leconte, responsable développement durable LCA pôle animal. L’objectif est de s’approprier les outils, former les techniciens et sensibiliser les éleveurs. » Comme pour le lait, le label entre dans une démarche plus large d’implication des structures initiée par le projet Life Beef Carbon dont dix coopératives sont partenaires : Eureden, Agrial, Altitude, Cavac, Terrena, Caveb, Celia, Feder, Sicagieb, Sicarev coop. Pour déployer les bonnes pratiques, elles misent également sur le financement du conseil grâce à des projets régionaux en cours de montage. « C’est le cas en Pays-de-la-Loire, Hauts-de-France et Bourgogne-Franche-Comté, poursuit-elle. Le label bas-carbone est perçu comme un complément potentiel de rémunération pour les éleveurs, mais le dispositif est encore trop récent pour voir des projets plus vastes émerger. »

En ovin, seize coopératives viennent de s’engager dans le projet Life Green Sheep sur la durabilité en élevage ovin. Il a démarré en octobre 2020.