Salon de l’agriculture, des retrouvailles marquées par la crise ukrainienne
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Le salon de l’agriculture s’est terminé dimanche 6 mars. Coopératives, négoces et agro-fournisseurs sont de plus en plus nombreux à s’y retrouver pour échanger avec le grand public et les politiques. Si l’édition 2022 est globalement un succès, elle aura été marquée par le conflit ukrainien.
Le salon de l’agriculture, édition 2022, a fermé ses portes dimanche 6 mars avec plus de 502 000 visiteurs qui, durant 10 jours ont arpenté les allées. Pendant neuf jours, le monde agricole aura pu se retrouver, et aller à la rencontre du grand public. Le bilan du salon est d’ores et déjà positif, alors que l’édition 2020 n’avait rassemblé que 480 221 personnes, le dernier jour ayant été annulé.
« Le salon des retrouvailles porte bien son nom, confie Dominique Chargé, président de La coopération agricole.. Près de quarante coopératives sont présentes à travers diverses animations. » Initiatives bas carbone, engagements en faveur de la biodiversité ou contre la déforestation importée, renouvellement de contrats avec des acteurs de l’aval tels que McDonald’s, Lidl ou Nestlé, ou encore remise de trophées et de label RSE…
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Arterris a pris pour la première fois un stand sur le salon de l’agriculture. © Arterris[/caption]
Le salon a été l’occasion pour LCA de mettre à l’honneur son modèle coopératif, tout en rencontrant les candidats à l’élection présidentielle et des délégations parlementaires.
Arterris a pris un stand au salon de l’agriculture pour présenter son modèle
Pour la première fois, Arterris a pris son propre stand, dans le pavillon dédié aux produits régionaux. La coopérative basée à Castelnaudary a présenté aux visiteurs ses bières, son pain et ses produits à base de canards gras, mais a aussi fait preuve de pédagogie envers les visiteurs en leur présentant le modèle coopératif. « Nous avons fait le choix de prendre un tout petit stand pendant trois jours seulement pour tester le salon, indique Thierry Teyssou, responsable de la communication. Cela nous a permis d’expliquer au grand public notre fonctionnement, et comment les agriculteurs s’organisent en filières pour répondre à la demande sociétale. Les visiteurs ont été sensibles au fait que les agriculteurs puissent se fédérer et se prendre en charge. C’était une réussite et je pense que nous reprendrons un stand l’année prochaine. »
Rappeler que les négoces ont un rôle à jouer
Côté négoce, c’était une première : la FNA a organisé, en partenariat avec Agridemain, une table d’hôtes sur le thème « Les apports du négoce agricole à la filière alimentaire, aux territoires, et à la transformation de l’agriculture ». Antoine Pissier et Bernard Perret, respectivement président de la FNA et responsable de négoce, ont pu, à cette occasion, échanger avec des élus et présenter les préoccupations de leurs clients. « Cela nous a paru être le bon moment, et le bon format pour ouvrir le débat, a indiqué François Gibon, délégué général de la FNA. Prendre un stand serait compliqué pour nous, car les négoces sont majoritairement des PME, dont les chefs d’entreprises ont des difficultés à se libérer toute une semaine. Mais il était important de rappeler que les négoces ont un rôle fondamental à jouer dans la transition agroécologique. Nous représentons un tiers de la collecte française, et un agriculteur sur deux travaille avec un négociant. »
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Antoine Pissier, président de la FNA, a participé à une table ronde organisée avec Agridemain. © Elena Blum/Terre Ecos[/caption]
Yara au salon de l’agriculture, une première
Côté fournisseurs, c’était une première aussi pour Yara, installé sur son propre stand. « Le salon de l’agriculture reste un endroit privilégié pour communiquer auprès des agriculteurs, du grand public et des médias », rappelle Delphine Guey, responsable de la communication. Le producteur d’engrais norvégien a lancé Solution’Ere, un programme visant à décarboner la production d’engrais. « Nous nous attendions à avoir beaucoup de questions, de doutes de la part du grand public, mais il semblerait que les visiteurs étaient déjà sensibilisés à la fertilisation, ajoute-t-elle. En revanche, je n’avais jamais vu autant d’élus au salon de l’agriculture, et ils se sont montrés très intéressés. »
Participation de Timac Agro aux débats
Timac Agro au Salon de l’agriculture, ce n’est pas en soi une première. Mais la firme s’y fait habituellement plutôt discrète, et se place du côté des visiteurs. « Nous sommes plus familiers des salons professionnels », glisse le directeur Nord de Timac Agro France Jacques Fourmanoir. Pour cette édition, il s’est prêté au jeu de la table ronde, sur le stand de la Ferme digitale, en compagnie de la responsable gestion de la relation client au niveau international Marie-Laure Biard. « Une expérience positive qui peut nourrir nos réflexions pour les prochaines éditions », selon Jacques Fourmanoir. Il affirme par ailleurs que sa venue ne s’est pas arrêtée à la table ronde : « J’ai discuté et noué des contacts avec plusieurs start-up sur la Ferme digitale. »
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Dominique Chargé demande aux services publics une assurance sur le chiffre d’affaires, dans le contexte de la guerre en Ukraine. © Stéphanie Ayrault/Terre Ecos[/caption]
La guerre en Ukraine suscite des craintes
Mais si la convivialité et la construction de nouveaux projets étaient au centre de l’événement, le spectre de la guerre en Ukraine a plané durant tout l’événement. Dominique Chargé et Thierry Blandinières, entre autres, ont demandé des mesures pour accompagner l’agriculture. « C’est au cœur de toutes nos discussions, confirme François Gibon. Les négoces sont, comme l’ensemble des maillons de la filière, solidaires de l’Ukraine mais aussi très préoccupés. La déstabilisation va au-delà de l’aspect économique, nous avons des craintes énormes d’un point de vue humain. Comment va-t-on alimenter les pays qui dépendent de la mer Noire ? Nous cherchons des solutions, et nous en attendons de la part de l’État. » Laurent Rosso, directeur de Terres Inovia, a rappelé que « les fournisseurs principaux d’azote, de phosphore et de potasse sont la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie (la commission européenne vient d’ailleurs de renforcer son embargo sur la potasse bielorusse, ndlr). Nous nous attendons à une grosse pression pour les cultures de printemps. » Si le salon des retrouvailles a été apprécié du monde agricole, des incertitudes et des craintes demeurent sur la situation internationale.